Le Portrait de Dorian Gray (1891) d’Oscar Wilde, traduit par Michel Etienne et Daniel Mortier…
Le résumé de l’éditeur: « L’expression était d’une cruauté atroce. Là, son âme même, émergeant de la toile, le dévisageait et l’appelait à son tribunal. »
Devant son portrait, œuvre d’un de ses amis, Dorian Gray, jeune homme d’une immense fortune et d’une exceptionnelle beauté, fait le vœu de rester tel qu’il est peint, tandis que son image vieillira à sa place. Exaucé par une intervention magique et fatale, Dorian cède alors à tous ses caprices et à toutes ses folies. Dans les quartiers élégants de Londres et les bouges du port, sous le masque de sa beauté intacte, il mène une vie de débauche et de crime. Esthète, monstre, dandy, il a décidé de faire de sa vie une œuvre d’art. Une vie qui ressemble à celle d’Oscar Wilde, que la société victorienne lui fit payer en le condamnant aux travaux forcés…
Livre culte. Livre phénomène. Je me relance dans la lecture de Le Portrait de Dorian Gray et grâce à une lecture plus attentive et concentrée, je redécouvre l’ouvre d’Oscar Wilde. Je m’en souvenais comme d’un roman anticonformiste et libertaire mais il est plus que cela. Le résumé divulgache en partie l’intrigue, mais, en un sens, il se trompe sur une des facettes de la personnalité de Dorian Gray. En tout cas, c’est sujet à interprétation.
Je ne vais pas faire l’analyse de l’oeuvre. je préfère largement donné mon ressenti, plus naïf, plus profane mais sincère. C’est d’abord le changement par rapport à ma première lecture. Cette fois, je l’ai trouvé plus noir, glauque, malsain. Le fond est pessimiste. Et ce ne sont pas juste les actes de Dorian Gray qui donnent cette impression, c’est l’ensemble de l’univers (autobiographique?) développé par Oscar Wilde.
Le Portrait de Dorian Gray passe plutôt bien les années (le roman, pas le Portrait du roman) et c’est probablement grâce aux nombreux aphorismes d’Oscar Wilde que c’est le cas. Universels pour certains, drôles, ironiques, spirituels, percutants, choquant, ils font mouches, souvent. On ne peut pas enlever à l’auteur ce talent mais certains lecteurs trouvent que c’est trop. Ce n’est pas mon cas.
L’histoire, elle, est une belle trouvaille mais en lisant ci et là des dossiers et des documents, on découvre bien vite que cette idée n’est pas d’Oscar Wilde. Il a condensé des thèmes piochés chez d’autres, J.K. Huysmans en tête. Ce qu’il en fait n’appartient qu’à lui. Il dirige parfaitement son récit dont on se demande bien comment tout cela va se terminer. Oscar Wilde réussit à faire croître la tension jusqu’à la fin.
Pour ce qui est de la compréhension du texte, des intentions de l’auteur, c’est une autre affaire. Si le pacte avec le diable semble assez évident, les autres thèmes sont plus subtil. Qui a-t-il de l’homosexualité d’Oscar Wilde dans ce roman? Certains la voie dans l’admiration du peintre Basil pour Dorian mais c’est pas si flagrant pour moi.
Oscar Wilde affirmait que Basil était ce qu’il pensait être, Lord Henry ce que le monde pensait qu’il était et Dorian ce qu’il aimerait être. À partir de là, pas mal de parallèles s’ouvrent et on peut y voir une forme d’autobiographie métaphorique.
Le Portrait de Dorian Gray se fait le chantre de l’hédonisme ultime. Les plaisirs et la liberté avant tout. La liberté intellectuelle. Et l’esthétisme comme unique raison d’être, même pour l’artiste, au delà de son art. Mais qu’en conclure quand à ce qui en est dit dans Le Portrait de Dorian Gray?
Là où certain accable Dorian Gray et la noirceur de son âme, le trouve détestable, j’y ai vu un être foncièrement bon, une âme pure, pervertie par Lord henry, depuis le début et à chaque fois que le remord devenait trop prégnant. L’absence de figure paternelle peut expliquer la confiance de Dorian.
Dans ce roman, rien n’est évident et c’est pour cela qu’il est culte. Je me demande bien ce que chaque lecteur a pu y trouver?
Trop tard, on connait ta tête 😉 😀
Mais aujourd’hui, je ne me suis pas maquillé! 😉
Ce récit je l’ai lu sur mon kobo il y a quelques temps maintenant.. mais dernièrement j’ai lu d’Oscar Wilde » Le fantôme de Canterville et autres contes » .
J’avais écouté sur France Culture ( dans un moment d’insomnie, depuis mon mp3) une émission radiophonique sur Le fantôme de Canterville…pas mal du tout! ( contes jeunesse)
C’est connu ça, Le fantôme de Canterville!
Perso, je n’ai lu que Le Prince heureux et autres contes mais je ne me rappelle plus trop bien.
et pas coiffé non plus? 😀
Tu m’as démasqué!!!
Je l’ai écouté en audio en fin d’année et j’ai bien aimé.
Mon sentiment quant au personnage de Dorian est fait de sympathie et antipathie. Il m’a fait parfois l’impression d’un gamin pourri gâté, trop adulé et qui en abuse à l’excès et de l’autre, d’un jeune homme épuisé par sa perfection et l’adulation suscitée.
C’est vrai qu’il y a de la tension dans l’histoire, on a presque le sentiment de ressentir la fièvre qui s’empare du personnage et le pousse au pire.
Quant à l’homosexualité, elle me semble clairement là, mais mesurée et à mots couverts.
Suis bien contente d’avoir enfin découvert ce classique.
Dorian est un personnage qu’on peut clairement pas aimé mais malgré tout reste excusable, presque une victime. En tout cas, un personnage très riche.
« excusable » parce qu’il est en partie ce que les autres ont fait de lui, mais il a aussi sa part de responsabilité, donc tout ne peut être excusé. Mais oui un personnage très riche.
Je disais « excusable » juste pour le principe qu’il est possible qu’il soit totalement manipulé.