Le petit bleu de la côte Ouest / Trois hommes à abattre (1976) de Jean-Patrick Manchette…
Le résumé de l’éditeur: «Jamais auparavant, ou depuis, je n’ai si ouvertement rendu hommage à un auteur qui m’a influencé au point que nos souffles ne fassent plus qu’un. Les intrigues de Manchette – les squelettes à l’intérieur desquels le cœur de ses ouvrages est accroché – sont dépouillées, essentielles, archétypales. Vengeance, fuite, les ultimes boulots de tueurs, des quêtes désespérées, des gens ordinaires tombant par des trappes dans des mondes insoupçonnés et violents…
In fine, je dois bien avouer être un peu déçu eu égard l’idée que je me faisais du néo polar façon Jean-Patrick Manchette. Trop d’attente n’est jamais bonne. Dans Le petit bleu de la côte ouest, il me manque… Il me manque… Il me manque.
Petit roman qui casse les codes du polar, Jean-Patrick Manchette s’affranchit du détective, du meurtre, de l’enquête. j’aime plutôt quand l’auteur casse les codes mais il me manque de quoi m’accrocher plus fermement à cette histoire. J’ai comme l’impression d’être tenu à distance et c’est probablement dû au style de Jean-Patrick Manchette.
L’écriture est accès sur les faits, les actes. Ça déborde peu. L’essentiel est là, pourtant, il ne se passe pas tant de chose. Comment être en empathie dans ces cas là ? Est-ce le style minimaliste ? Pas certain. Il me manque une petite musique dans les phrases, des échos, une pulsation. Le petit bleu de la côte ouest n’est pas « remarquable » comme je l’aurais souhaité, comme peut l’être, par exemple, le style de Marin Fouqué que j’ai lu récemment.
Tout en étant assez peu conventionnel, Jean-Patrick Manchette me fait l’effet d’avoir écris un roman dédicaces à ses passions, jazz en tête. Il me manque ce que je n’attends pas. Une fulgurance narrative, un style unique, une structure élaborée, une chute extraordinaire. Peu importe. Juste quelque chose de « remarquable ». À voir si cet effet déceptif se reproduit sur un autre titre de cet auteur.
Des conseils peut-être ?
Ton premier Manchette, non ..? Quitte ou double. Pas d’alternative..!
A noter que « Trois hommes à abattre » est le nom de l’adaptation ciné qui en a été tiré. A éviter. Le scénario a été amendé par Delon pour faire du héros un éloge à sa déité. Une poule n’y retrouverait pas ses petits.
Oui, mon premier. Mon avis est encore en maturation.
Quitte ou double. Me suis-je posé la question plus haut. Ce sera donc quitte. On accroche ou pas. Pas d’alternatives autre. A mon sens, inutile d’aller plus avant.
L’essentiel du propos de M est de laisser les clefs du camion au lecteur, qu’il se fasse une opinion des acteurs du drame et de la situation via les faits et les seuls faits.
Dans le même genre minimaliste tu devrais essayer « On achève bien les chevaux » de Horace Mc Coy. Tu diagnostiquera si le genre sec et essentiel est responsable de ta déception. D’autant que l’auteur s’attaque là à un vrai fait social qui devrait te secouer: les marathons de la danse US des 20’s et 30’s
Je me suis noté McCoy. 😉
Citation: « J’ai comme l’impression d’être tenu à distance et c’est probablement dû au style de Jean-Patrick Manchette. » >>>> Oui. Et je pense que c’est voulu (Manchette s’en fait l’écho en ITW). Il coupe tout ce qui dépasse, est inutile à la compréhension. Il biffe plus qu’il n’écit, ramène à la plus simple expression. A une seule exception: la mention des armes utilisées, les marques de voitures, des artistes de jazz (il explique que c’est pour asseoir un effet de réel à son propos et mettre en avant ses passions). Le lecteur lit à bout de bras, apparemment déconnecté des personnages, mais au final en expectative sur ce qu’ils sont vraiment. Le roman, au final, ne donne réponse qu’après lecture.
Autre influence qui explique son style: sa passion pour le cinéma et la volonté d’en faire en tant que scénaristique (voir metteur en scène). D’où peut-être son style dépouillé jusqu’à l’os qui privilégie le visuel.
Ce ne sera pas quitte. Je tenterai un autre titre, c’est quasi certain d’autant qu’ils sont plutôt courts. J’ai peut-être pas accroché plein pot mais j’ai quand même aimé la ballade. On verra dans un autre moment et un autre titre ce que ça donne.