En avoir ou pas (1937) d’Ernest Hemingway…
Le résumé de l’éditeur de poche, ici: «Comme il se tenait là, avec la mitraillette dans sa main gauche, jetant un regard circulaire avant de refermer le panneau à l’aide du crochet terminant son bras droit, le Cubain qui était allongé à bâbord et qui avait reçu trois balles dans l’épaule se mit sur son séant, visa soigneusement et lui envoya une balle dans le ventre.»
Harry Morgan, un Américain installé à Cuba, gagne sa vie en organisant des croisières de pêche pour les touristes. Lorsqu’on lui propose de transporter des hommes et des marchandises clandestines, sa vie bascule dans le crime.
Ce roman a été adapté au cinéma par Howard Hawks dans Le Port de l’angoisse et par Michael Curtiz dans Trafic en haute mer.
Ernest Hemingway est un acteur éminemment reconnu mais pour autant, il n’a pas écrit beaucoup de romans (moins de 10) complétés par 4 récits autobiographiques. Le reste est du domaine de la nouvelle.
En avoir ou pas fait partie de ses romans et je ne connaissais pas son existence avant d’avoir déniché cette vieille édition dans la bibliothèque de mon beau-père. C’est toujours une mine que d’y fourrer son nez!
Conquis par le style épuré de Le vieil homme et la mer et déçu par la lourdeur de L’adieu aux armes, j’entamais incertain la lecture de En avoir ou pas. Et j’ai très vite été rassuré. Efficace, Ernest Hemingway est dans l’action, le direct. Il y a du punch, une certaine irrévérence, du politiquement incorrect. Le personnage principal devient très vite intéressant.
La ballade dans les Keys en Floride m’a remis des images de voyage dans la tête et j’ai pu apprécier de retrouver ces lieux, cher à l’auteur, avec le décalage des années et la vision d’Ernest Hemingway, l’écrivain et le pécheur.
Mais ce qui m’a le plus surpris, c’est l’audace des choix narratifs et du découpage de l’histoire. En avoir ou pas se divise en 3 parties inégales, bien distinctes, qui retracent des évènements qui sont comme autant de faits représentatifs de l’histoire. On reconnait la patte de l’auteur de nouvelles! L’audace est aussi dans l’histoire qui se raconte à plusieurs voix.
Le choix est osé de la part d’Ernest Hemingway car une lecture trop déconcentrée comme je le fais me fait passer à côté de certains éléments. Car ce roman est assez facile à lire mais complexe à cerner. La forme comme je viens de le dire mais aussi sur le fond aussi. Quel est l’intention d’Ernest Hemingway? Que critique-t-il? Que veut-il mettre en avant ou démontrer?
La lutte des classes est un des thèmes qui jalonnent ce roman et le moins que l’on puisse dire est que l’avis d’Ernest Hemingway est désabusé et pessimiste. En avoir ou pas (de l’argent ou des couilles) est ce qui fait un homme, un soutien de famille et le constat de l’auteur sur ce combat perdu d’avance est d’un réalisme brut. Si le postulat idéologique est un peu daté, il n’y a rien d’insurmontable, surtout pour un roman daté de 1937.
Livrepoche.fr, un livre, une poche…
J’ai bien aimé ce roman même si onpeut le trouver brutal ou macho ! Pour l’adaptation filmée j’avais été très déçue du Port de l’angoisse car en fait cela ne parle pas de la même chose. L’histoire est transposée en 1940 sous le régime de Vichy. La morale n’est pas la même. Bon tu me diras quelle est elle ici ? Je pense qu’Hemingway a voulu montrer que chacun a son libre arbitre
J’ai une très faible culture de ses vieux films! Je ne savais pas que Le port de l’angoisse était une adaptation de ce livre et comment l’aurais-pu, vu que ce n’est pas le même titre et de plus, tu dis qu’ils ont fait beaucoup de changement!
Peut-être que Hemingway a voulu montrer qu’un monde d’hommes (qui avaient des couilles ou non) se terminait pour laisser la place à un monde d’hommes (qui ont de l’argent ou non).
Pour en avoir ou pas, faut-il que l’affirmation soit validée par le fait d’avoir les unes et l’autre? :p (question à la con ne nécessitant pas forcément une réponse…)
Bon sinon je reconnais que la lecture d’Hemingway n’est pas dans mes priorités absolues 2017 mais one day… ^^
En tout cas, cela a dû te faire plaisir d’être à nouveau conquis par l’écriture du monsieur.
En fait, il n’a que L’adieu aux armes qui m’a déçu!