Syngué sabour, Pierre de patience d’Atiq Rahimi, Prix Goncourt 2008…
Le résumé de wiki: A Kaboul en Afghanistan, pays en guerre, une femme veille sur le corps de son mari, blessé d’une balle dans la nuque par l’un des hommes de sa milice, et plongé depuis trois semaines dans un coma profond. Cet homme, aux yeux grand ouverts et au souffle régulier comme les prières inlassables de son épouse qui le maintient en vie par perfusion d’eau sucrée-salée, est un combattant de toutes les luttes qu’a traversées son pays. Homme d’armes et de guerre, il fut un mari absent, violent, marié en son absence à cette jeune femme dont il a eu deux filles. La femme entame un long monologue avec son mari, faisant de lui selon la culture perse sa syngué sabour, sa pierre de patience, présente pour recueillir les confessions du monde et les absorber jusqu’à son implosion finale. Elle lui dévoile tous ses secrets d’enfance, de jeune fiancée mariée par son père, et d’épouse qui malgré la peur et la violence de son époux a appris à l’aimer. Les confessions se succèdent, et la femme se délivre au milieu de la guerre qui l’entoure et la touche au plus intime, espérant par là même faire sortir l’homme de son coma que rien ne semble perturber. Après une ultime révélation ou peut-être dans un songe, la syngué sabour, comme le prétendait la tradition, éclate.
Alors voila typiquement, le genre de roman et de références (Prix) qui ne m’attirent pas. C’est même l’inverse. Les sélections et les lauréats des Prix sont trop peu transparents, les jurés sont trop peu démocratiques que je mettrais toujours en doute la probité de chacun. Quand il y a beaucoup d’argent en jeu, je me méfie. En tout cas, sans dire si Syngué sabour, Pierre de patiente d’Atiq Rahimi mérite son Prix Goncourt, je peux déjà dire qu’il y a quelque chose dans ce roman qui le rend très intéressant.
L’entrée en matière de ce roman est assez obscure car on ne sait pas trop où on se trouve. Il y a la voix d’une femme. Il y a la présence d’un homme, son mari, dans le coma. Et nous avec lui, comme lui. Car on ne saura rien de plus que ce qui se passe dans la pièce. Et pourtant, on saura tout. Syngué sabour dévoile l’âme de ces femmes, contraintes et opprimées en tous points. Et ce récit est triste et beaux, brut, violent et universel.
Tant la forme que le fond mont séduit. Atiq Rahimi touche juste avec ce roman. Peut-être un poil trop romanesque sur la fin mais c’est juste histoire de faire la fine bouche. Syngué sabour a de grandes chance de vous séduire par son réalisme, sa justesse et l’originalité du point de vue. Et même si on se doute qu’il y a des femmes, entières et vivantes derrière les voiles, cette piqure de rappel est salvatrice.
Je ne vais pas non plus d’emblée vers les romans récompensés. Il arrive que certains croisent ma route, longtemps après. Peut-être sera-ce le cas de celui-ci. En tout cas, j’aime ce que tu en dis.
Je suis comme toi. Mais celui-ci est issu de ma bibliothèque depuis longtemps, mon beau-père offre à sa fille (ma compagne) les Prix de l’année. Sinon, celui-ci me semble être un peu tombé dans l’oubli. Comme l’auteur.
C’est dans les us et coutumes de la belle famille alors. Bah au moins ça te permet de lire de bons auteurs apparemment. Pas un mal.
Mais ta compagne les lit tous alors?
Oui mais ça tend à se raréfier car ma compagne ne les lit pas. J’en ai quelques autres en stock. On verra ce que ça donne.