Soie d’Alessandro Baricco…
Le résumé de l’éditeur de poche, ici : Vers 1860, pour sauver les élevages de vers à soie contaminés par une épidémie, Hervé Joncour entreprend quatre expéditions au Japon pour acheter des œufs sains. Entre les monts du Vivarais et le Japon, c’est le choc de deux mondes, une histoire d’amour et de guerre, une alchimie merveilleuse qui tisse le roman de fils impalpables. Des voyages longs et dangereux, des amours impossibles qui se poursuivent sans jamais avoir commencé, des personnages de désirs et de passions, le velours d’une voix, la sacralisation d’un tissu magnifique et sensuel, et la lenteur, la lenteur des saisons et du temps immuable.
Soie, publié en Italie en 1996 et en France en 1997, est devenu en quelques mois un roman culte – succès mérité pour le plus raffiné des jeunes écrivains italiens.
Soie est une merveilleuse aventure de la vie quotidienne transcendée par la grande histoire, un conte en retenue sur le désir et sur la mesure. J’ai parcourus ce livre comme hypnotisé, pris dans la lumière aveuglante de la narration. Aveuglante, car les mots disent beaucoup mais les ellipses laissent penser beaucoup plus. Les blancs, les non-dits, c’est notre passif à chacun qui va les combler de façon intelligible.
Et chacun y voit ses aspirations selon sa sensibilité propre. L’usage du conditionnel est obligatoire pour essayer d’expliquer les zones d’ombres auxquelles on nous a peu habitué tant en littérature que dans tous les autres domaines. La tendance veut ne pas nous laisser avec le moindre doute. On nous prend par la main du début à la fin en répondant à tous ce qui pourrait troubler notre compréhension. Mais pas Soie, pas Alessandro Baricco.
En deuxième niveau, la lecture de Soie suscite la discussion sur la toile. En effet, comment ne pas essayer de résoudre les questions que chacun se pose à la fin du roman : Qui est réellement Baldabiou ? Quel est sa relation avec la femme d’Hervé quand celui-ci n’est pas là (envoyé par Baldabiou justement) ? Quel est l’histoire de la jeune femme qui vit avec Hara Kei, l’intermédiaire japonais ?
Toutes les réponses apportées sur la toile ne sont que le reflet des désirs des lecteurs, leur espoir de savoir ce qu’on doit penser de l’oeuvre ? D’aucun voit Baldabiou comme le diable, intrigant et manipulateur pour faire fleurir ses affaires. Soit, mais on peut le voir aussi comme le révélateur de Hervé, celui qui va le faire devenir acteur de sa vie et disparaître ceci fait. Ainsi, les multiples lectures possibles enrichissent le roman.
Personnellement, je n’ai pas forcement envie de répondre aux questions posées car je me demande si cela à un réel intérêt. Soie est pour moi un roman sur le désir, le fantasme. Et avec pudeur, Alessandro Baricco nous dévoile le parcours d’Hervé Joncour à travers les chemins de la soie. Le japon qui s’ouvre au monde avec difficultés est le théâtre des fantasmagories d’Hervé. Alessandro Baricco nous dépeint la puissance de notre propre pouvoir d’évocation, notre pouvoir de nous enchanter. Il n’est nul besoin de convoiter ce que nous n’avons pas tandis qu’il est beaucoup plus beau de fantasmer ce que nous avons. En cela, Soie est un roman initiatique d’une précision musicale ayant la finesse de la soie.
Un livre, une poche…
pas lu, mais commandé, car cela m’a donné envie, merci.
Merci et j’espère ne pas décevoir vos attentes !
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