Peste (Rant, 2007) de Chuck Palahniuk, traduction Alain Defossé
Le résumé de l’éditeur de poche, ici: Mais qui est donc Buster Casey, alias Rant? Dans un futur où une partie de la population est «diurne» et l’autre «nocturne» selon un couvre-feu très strict, Peste prend la forme d’une biographie orale faite de rapports contradictoires émanant de témoins qui ont connu le mystérieux Buster de près ou de loin. Garçon aux mœurs étranges, friand de morsures animales en tous genres pour certains, génial tueur en série ou répugnant individu pour d’autres, le véritable Buster Casey semble, au fil des récits, de plus en plus insaisissable et protéiforme. De quoi alimenter le mythe…
Évangile subversif et grotesque où le rire donne la réplique à l’horreur, Peste décrit un monde qui marche sur la tête, où la vie est à mourir d’ennui et la mort positive et créatrice. Chuck Palahniuk explore, encore et toujours, les tréfonds de la vie moderne et dresse le portrait en creux d’une Amérique en mal de repères.
Je vais commencer par avouer, après toutes ses années de lecture, de romans et d’auteurs différents, je considère Chuck Palahniuk comme l’auteur dont les oeuvres et la manière de les raconter sont ce qui me parle le plus. Imaginez donc ma fascination pour cet auteur hors norme. Et après relecture, Peste s’avère une oeuvre extrêmement riches en tous points.
Ce qui est marquants, c’est d’abord l’incroyable mais géniale structure du roman qui s’articule sous forme de témoignages. Mais accrochez-vous bien, on parle là de 56 témoins auxquels Chuck Palahniuk donne voix pour dresser le mythe de Rant Casey. Ça à l’air fou, vertigineux et c’est le cas car il n’y a pas de fausses notes. Le rythme est maintenu de bout en bout avec une créativité exceptionnelle, des personnages toujours aussi fous et un récit unique autour du personnage principal.
Les témoignages se croisent, se contredisent parfois. c’est drôle, c’est étonnant et l’histoire sed dévoile par petites touches, subtile et magnifique. Peste est classé SF mais ne vous attendez pas à de la SF classique. Il n’y a que quelques éléments, distillés ça et là mais guère plus. D’autres auteurs moins inspirés auraient fait une saga avec les idées SF de Chuck Palahniuk mais lui, non.
Des idées, il y en a plein, peut-être même trop. Ce serait le seul reproche à faire à Peste. L’envie de dire « gardes-en de côté et écris un autre roman ». Mais c’est pas moi qui vais lui dire.
Peste est riche en thème sociologique et à travers ses personnages aux comportements déviants, Chuck Palahniuk nous interroge en permanence sur la normalité, sur les idoles que nous créons. Certes c’est extrême mais ça me parle et je trouve ça toujours très lucide.
Et puis cette histoire, cohérente de bout en bout malgré des situations paroxystique et imaginez les 56 voix de ces témoins qui se relaient magistralement et donne une richesse narrative rarement vu ailleurs.
Alors, si vous aimez le hors-piste littéraire, ce Chuck Palahniuk vous séduira et si vous voulez savoir ce qui se passe quand on se fait piquer et mordre par tout un bestiaire sauvage, lisez Peste.
J’adore!!!
Oh que ça se sent que tu l’aimes cet auteur! Et je dirai même que si je dois le lire, il se pourrait que cette chronique m’ait bien piqué la curiosité ^^
C’est peu dire que j’aime Palahniuk, même en dehors de ces histoires tordues, il y a un tel travail sur la narration, à la fois original, créative, et tellement réussie. Rien que ça, ça vaut le détour. Je suis un peu insistant, non?
J’aime beaucoup cet auteur également et je crois que « Peste » est celui de ses romans que je préfère. Comme tu l’as dis, la construction a quelque chose de démesuré mais fonctionne parfaitement, alors qu’elle pourrait vite devenir ennuyeuse ou tourner en rond. Un excellent roman trop peu connu
J’ai eu besoin d’une deuxième lecture pour en apprécier toute la richesse mais je lui préfère quand même Monstres invisibles.