
Le Sang des innocents (2023) de S.A. Cosby, traduit par Pierre Szczeciner…
Le résumé de l’éditeur: Le Sud n’a pas changé. Ce constat, Titus Crown y est confronté au quotidien. Ancien agent du FBI, il est le premier shérif noir à avoir été élu à Charon, la terre de son enfance. Si son élection a fait la fierté de son père, elle a surtout provoqué la colère des Blancs, qui ne supportent pas de le voir endosser l’uniforme, et la défiance des Noirs, qui le croient à la solde de l’oppresseur. Bravant les critiques, Titus tente de faire régner la loi dans un comté rural frappé par la crise des opioïdes et les tensions raciales. Jusqu’au jour où Latrell, un jeune Noir, tire sur M. Spearman, le prof préféré du lycée, avant de se faire abattre par la police. Fanatisme terroriste, crient les uns. Énième bavure policière, ripostent les autres. À mesure que les dissensions s’exacerbent, Titus se retrouve lancé dans une course contre la montre pour découvrir la vérité.
Après La colère, je me lance de nouveau avec S.A. Cosby dont la thématique raciale et la nuance avec laquelle il l’aborde sont au coeur de son oeuvre et une de ses grandes forces. Il n’y a qu’à voir le postulat de départ de Le sang des innocents pour comprendre : un professeur blanc abattu par un jeune noir, lui-même abattu par un flic blanc dont le chef (élu) est noir dans une ville à tendance raciste. Ouf !
Mais Le sang des innocents, c’est un polar classique aussi et le héros va devoir exercer son autorité et son pouvoir de coercition avec toute la diplomatie du à son poste mais contre toutes les voix en colère ou haineuses de cette ville dans laquelle tout le monde se connait pour avoir grandi ensemble.
Toute la richesse du roman de S.A. Cosby est dans le traitement des interactions entre les personnages, les tensions inhérentes à la race et à la hiérarchie dans un contexte extrême. Le portrait des États-Unis est peu flatteur mais il est nécessaire. À travers le romanesque d’une bonne enquête bien tendue, l’auteur passe son message de tolérance et de vie en bonne intelligence malgré les tiraillements ataviques qui poussent à la violence et à la haine.
Le message passe parfaitement. Le sang des innocents est un polar réussi et engagé. S.A. Cosby est une nouvelle voix noire à suivre, assurément.