Tango Massaï de Maxence Fermine…
Un de mes auteurs favoris !
Le résumé de l’éditeur de poche, ici : Tabora, porte des grands lacs africains, cité sublime et inquiétante qui vit de l’or et des épices. Une armée de rebelles vient d’investir la ville.
À sa tête, un homme blanc juché sur un cheval bai. Il se nomme Tango Massaï. Il est venu réclamer la reddition du Sultan et proclamer le droit de vivre libre. Bleu, pourpre, noir : ce sont les trois couleurs d’une mystérieuse pierre précieuse qui l’ont conduit jusqu’ici.
Et tandis que la ville s’embrase, au loin résonnent les paroles d’un sorcier : « Un jour, un serpent de fer accompagné d’une nuée de papillons blancs pénétrera jusqu’aux terres intérieures des Massaï. Et ce jour-là, ce sera la guerre. Il faudra nous préparer à combattre et à vivre des jours de malheur. Avant que ne vienne le lion qui enserrera dans ses griffes le serpent de fer et saura nous délivrer de l’emprise des papillons blancs… »
Je relis ce livre six ans après la première lecture, et c’est avec le même plaisir que se renouvelle la rencontre avec le texte de Maxence Fermine. La poésie de Fermine est un murmure qui fait toujours son effet. Il a le don pour que ses phrases soient la musique de son récit. Une lecture enrichie qui parle aux sens. Sensible à la musicalité de son texte, je me suis fait happer dès les premières lignes de l’histoire.
La narration de Tango Massaï est, je trouve, sans effet (sauf sur la fin). Il ne rajoute ni de la dramaturgie ni des envolées lyriques ni des rebondissements extravageants. Son texte est tout en retenue. Cela souligne à quel point l’écriture est un art difficile à manier. L’équilibre qu’il obtient avec ce roman n’est pas à la portée de tous les auteurs qui masquent souvent des faiblesses de narration par des effets de style. Maxence Fermine non ! Même si le déroulement dramatique de ce conte est simpliste (et je dis ça car on est habitué aux ressorts tortueux) il y a au delà du texte tel quel un charme qui opère du début à la fin. Ce conte africain, puisqu’il faut le situer, a sa place dans notre subconscient. Sous la modestie se cache l’universalité du conte avec un message simple : libérez-vous ! Se libérer de notre servitude.
Le héros libérateur blanc aurait put me poser un problème de hiérarchisation des peuples mais en fait c’est tout le contraire. En lisant, je n’ai d’ailleurs pas projetté les traits d’un visage blanc sur Tango Massaï. Je n’ai pas réussi à projeter les traits de quiconque et je suis resté tout le livre avec un visage universel, qui se perd dans le flou de son mythe. Si ces origines anglaises font de lui un « blanc », il a grandi, évolué au sein d’un peuple dont il est devenu une part entière. Ce n’est pas nos origines qui nous font, ce sont nos apprentissages. Les origines sont des excuses, des faiblesses. Je voyais le Héros comme le « noir » que nous étions tous « à l’origine », l’être universel. Le libérateur des peuples.
Malgré la puissance de l’histoire dans le fond, on ne retrouve pas son côté épique dans la forme. Et j’ai le regret de ne pas avoir eu de grands frissons à la hauteur de l’histoire. Il me manque la chair de poule de l’implacable fatalité du destin. Cette économie maintient une tension de bout en bout malgré tout mais je regrette quelques fins de chapitres un peu trop modeste, trop en retenue. La modestie dont je parlais au début.
Tango Massaï est un bon livre dont il faut savoir écouter la musique. Il faut s’y plonger entièrement, ne pas avoir la tête ailleurs et la poésie de Maxence Fermine s’exprimera dans ce texte, en filigrane, avec une finesse incontestable.
Un livre, une poche !
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