PUKHTU PRIMO DE DOA

Pukhtu Primo (2015) de DOA…

Le résumé de l’éditeur, FolioUn chef de clan pachtoune en quête de vengeance après la mort de ses enfants dans une attaque de drone ; une société de sécurité privée aux relations troubles ; un ancien militaire français manipulé par la CIA pour infiltrer un réseau de mercenaires ; un conseiller occulte de la République française aux étranges amitiés ; deux journalistes prêts à sacrifier leur carrière et plus encore pour la vérité. 
Les destinées de ces personnages à l’ombre du monde se lient dans une vaste fresque noire, terriblement actuelle, entre Asie centrale, Afrique, Amérique du Nord et Europe. Vertigineux.

Au départ frileux de me lancer dans un tel roman, je ne regrette pas d’avoir finalement osé m’attaquer à cette oeuvre de DOA. En effet, même si je n’ai lu que, Pukhtu Primo (il y a un Pukhtu secundo), quelle claque cela a été. Une claque a tout point de vue. En ce sens, j’ai eu le même sentiment que pour une autre oeuvre, dans un autre genre, qui m’a aussi marqué énormément, Six Jours de Ryan Gattis.

Pukhtu Primo, c’est un roman de guerre. Un roman noir avec pour toile de fond, l’Afghanistan en 2008, une période charnière. Roman de genre ultime. Je dis ultime au sens ou le sujet de la guerre en Afghanistan en 2008 ne pourra jamais être traité sans être comparé à l’oeuvre de DOA et nul doute que Pukhtu primo va donner des complexes.

Tout d’abord, Pukhtu primo, c’est une kyrielle de personnages puissamment incarnés par la plume de DOA, l’auteur omniscient. Et l’éventail comble toute la chaine des acteurs du conflit et de son corollaire, le traffic de drogue. C’est un roman chorale magistralement mené par le style ciselé de DOA.

Et le style, parlons-en! Chaque voix prend vie avec une construction évolutive intimement liée à l’action qu’elle raconte. La richesse de cette narration m’a permis une immersion totale. J’ai adoré le foisonnement de détails qui donnent à Pukhtu Primo une oeuvre quasi documentaire, et cela aurait pu être rédhibitoire mais c’est cet effet de réel qui m’a énormément plu.

Mais DOA (peu importe qui il était avant) est un vrai romancier car la dramaturgie de Pukhtu Primo est finement intégré à la description du conflit. Par certains côtés, ce roman est shakespearien. Je ne dis pas que par moment je n’ai pas été un peu dans le flou sur qui était qui, notamment lorsqu’il s’agit des afghans mais très vite on reprend le fil de l’histoire. Le romanesque permet de ne pas nous noyer dans le cynisme de cette guerre.

Pukhtu Primo est une oeuvre monumentale et DOA donne à voir de l’intérieur la réalité d’un conflit moderne, ce qu’il y a derrière les beaux discours, ce qui motive chacun. C’est glaçant mais salutaire.

J’ai découvert un auteur unique et impressionnant et cela me donne l’envie de me lancer dans la bibliographie de DOA et j’ai déjà hâte de lire Pukhtu secundo.


Livrepoche.fr, un livre, une poche…

12 comments to “PUKHTU PRIMO DE DOA”
  1. Nous sommes d’accord pour dire que DOA a pondu-là une œuvre majeure et exemplaire dans le genre. C’est hyper réaliste et la question de savoir comment il est possible d’écrire un tel roman, frisant le documentaire, est possible sans avoir été impliqué m’est venue.
    Tout le talent de DOA est d’ailleurs peut-être bien là : nous donner le sentiment que cette histoire dénonce la réalité crue de la guerre en Afghanistan tel qu’il a pu en être témoin.

    Je me suis aussi demandée si ce roman en avait dérangé certains. Mais j’imagine que ce qui est dit/dénoncé est déjà bien connu et ne changera rien à la face du monde.
    Les journalistes qui osent dénoncer n’y arrivent pas, un auteur le peut-il? Est-ce seulement son intention d’ailleurs?

    Bon au-delà de ça, la palette de personnages est fascinantes, avec une vraie profondeur pour certains. C’était intelligent de donner la voix aux différents protagonistes, des différents bords. J’ai apprécié cela parce que ça permet de réviser ses jugements, de les modérer au fur et à mesure que l’on fait connaissance avec chacun. DOA quelque part nous amène à les comprendre, il provoque l’empathie (bon pt’être pas à 100% pour tous, mais quand même).

    Lecture touffue, hyper dense. J’ai un peu souffert mais ça valait la peine. La suite, pas pour tout de suite par contre. Je viendrai lire ce qu’il en est chez toi 😉

    • Dans une entrevue, il dit que la plupart de ce qui raconte est trouvable dans des rapports, des comptes-rendus, sur internet, etc. Pour le reste, c’est le mystère sur son compte. Tant mieux! Tous les personnages ont une densité, ils ne sont pas manichéens, très réussis!
      D’ailleurs, je me régale avec le Secundo! 😉

    • Apparemment le monsieur aurait été parachutiste.

      (Pukhtu primo est allé rejoindre une nouvelle bibliothèque aujourd’hui 🙂 )

      Je lirai bientôt ton avis sur Secundo, j’ai vu que tu l’avais terminé ^^

    • Oui, terminé mais pas encore chroniqué! Je l’ai beaucoup aimé aussi celui-ci mais il est un peu différent, moins ancré sur la guerre proprement dite. Plus romanesque aussi!

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  3. Pfiou, ça n’a pas l’air simple tout ça. J’ai lu et ta chronique, et vos échanges en commentaires. Voilà une oeuvre qui semble devoir être lue! Je note…

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