La foire aux serpents de Harry Crews

La foire aux serpents (1976) de Harry Crews, traduit par Nicolas Richard…

Le résumé de l’éditeur: Joe Lon est un sale type qui a grandi aux côtés d’une sœur folle et d’un père brutalisant ses chiens. La mère a disparu. Les potes se défoncent, attendent le soir et cherchent dans les excès un espoir d’ailleurs qui ne vient pas. Joe Lon est leur meneur égaré qui, un jour, pour écrabouiller l’ennui, noya dans le fleuve un voyageur perdu. Il habite désormais le camping avec ses deux gosses et tabasse sa femme. Joe Lon attend comme une bombe, caresse ses crotales et maudit l’univers. Un jour, il le sait, Berenice reviendra. Ce jour sera celui de la foire aux serpents. De purs déjantés arriveront de partout. La fête sera folle et ce sera la mort, l’hystérie et le sang. Berenice, alors, le capturera de nouveau de son regard d’absinthe et tout redeviendra possible : le pire, la passion brute, ce qui n’arrive qu’avec elle et fascine pourtant…

Je voulais retenter un Harry Crews après la lecture de Body, un roman que j’abordais à l’égal des meilleurs Chuck Palahniuk, et qui ne l’étais pas. Qui pourrait être à la hauteur de ses premiers romans, je vous le demande ? Et donc, c’est avec La foire aux serpents que je me replonge dans l’univers des freaks, des bouseux et autres spécialités américaines mais avec une approche moins comparative, plus ouverte à son univers.

Et quand on se laisse porter par Harry Crews, il nous plonge dans les préparations de La foire aux serpents bien ringarde et pourtant, l’auteur ne se moque pas de ses personnages, pas tous du moins. En explorant leur psychologies, on touche de près les failles, les déceptions, l’acceptation des coups du sort. Tout le monde ne peut pas devenir quelqu’un. Héros du jour ne dure qu’un jour.

La caricature de ses bouseux est aussi une plongée dans une dualité de violence et d’alcool qui engrène les tristesses sous-jacentes. Et pourtant Harry Crews nous présente d’anciens athlètes hors pairs et de forts jolies jeunes femmes dont les choix de vie divergent et entrainent les frustrations, les incompréhensions entre d’anciens camarades qui reviennent sur le lieu de leur enfance. La foire aux serpents est bien mené, brut, d’une sensibilité discrète, cachée sous les colères larvées. J’aime.




Livrepoche.fr Un livre dans une poche. CQFD

N'ayez pas peur de commenter