Body (1990) de Harry Crews…
Le résumé de l’éditeur Folio: «Elle s’appelait Shereel Dupont, ce qui n’était pas son vrai nom. Trois mois qu’elle n’avait pas eu ses règles, mais elle n’était pas enceinte. Non, c’était mieux et pire que ça. C’était la faute au bodybuilding…» La faute aux protéines en poudre, aux régimes sans eau et aux développés-couchés sous une barre chargée de fonte. Le concours pour être Miss Cosmos se gagne dans le moindre détail. Russell Morgan, lui-même retiré des compétitions, ne laissera personne leur dérober le titre. Personne ne doit voir sa protégée. Ni le fiancé revenu du Vietnam, ni sa famille de ploucs complètement cinglée, encore moins les concurrents. Il n’y a pas de pitié. Juste le sacre et la beauté des corps. Juste ces cinq cents terribles grammes en trop pour être couronnée…
Cette couverture pop pourrait laisser penser que Body est une sortie récente mais tel n’est pas le cas. Le roman de Harry Crews est sorti en 1990, plus tardivement en France. Classé par Folio comme policier, je pense que c’est trompeur car il n’y a ni enquête, ni policier, ni mystère, etc… Et à mon sens, ce n’est pas non plus un roman noir. La dominante est plutôt accès sur le côté déjanté des choses. À tout le moins, c’est inclassable.
Body serait un roman social au sens où le coeur de l’intrigue tient dans la confrontation de caractères et d’univers sociaux antinomiques et diamétralement opposés. Harry Crews met en scène des personnages déjantés. Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Et avec une telle galerie, on ne s’ennuie pas une seconde avec Body. ce roman est loufoque, excité, extrême.
Personnellement, j’aime ce genre d’univers. Les hors normes me fascinent. J’ai apprécié cette plongée avec les musculeux prétendant au titre de Mister ou Miss Cosmos.
De plus, Body, c’est un peu l’exploration de la dualité entre le beau ou le gros appliquée au culturisme. L’esthétique, l’équilibre contre la masse la plus développée. Une petite touche de morale avec l’ascétisme du démarche propre et naturelle contre la travail avec adjonction de produits dopants. Voila le cocktail, certes un peu basique, du monde exploré par Harry Crews.
Très bien documenté (je soupçonne l’auteur d’avoir touché de près ce monde là), l’auteur met en scène des personnages qu’il connaît bien avec la famille de l’héroïne veut tout droit de son sud rural et primaire.
Body se dévore avec un petit sourire au coin des lèvres. Je regrette une intrigue un peu basique qui se déroule uniquement et linéairement pendant le déroulé de ce week-end de l’élection des Miss et Mister Cosmos. Mais comme ce n’est pas un roman qui tient par une enquête policière, c’est l’immersion qui compte. Là, ça fonctionne! On peut pas se plaindre.
Je ne connaissais pas Harry Crews et je ne bouderais pas un autre livre de cet auteur car il semble avoir une personnalité entière et une vie personnelle avec un comportement plutôt déjanté. En un sens, il me fait penser à Chuck Palahniuk, en moins percutant et moins original mais dont les personnages sont tout aussi décalés.
Livrepoche.fr, un livre, une poche…
Intriguant comme approche! Moi qui suis vraiment portée sur l’entretient du corps, sur la musculature, ou encore sur le sport en général, je refuse pourtant de toucher à tout ce qui est bodybuilding. Je suis plus dans l’optique des militaires: force et endurance, entretient. Mais le tout a l’air intéressant, et il est possible que je le lise… Tu es toujours là pour nous faire découvrir des lectures plus ou moins décalées et je trouve ça super!
Belle chronique 😉
Le culturisme est un monde de l’extrême. Ce n’est pas foncièrement bon pour le corps! Je suis dans la même optique que toi.
Oui voilà, après ça peut être une passion comme une autre, simplement certaines ont plus de conséquences que d’autres
Pour le coup, il doit y avoir pas mal de conséquences négatives.
Je n’en doute pas
J’avais posté un commentaire qui je me rends compte n’est pas passé…
Je crois que je rebondissais sur votre échange.
Mon beauf fait de la muscu depuis qu’il a 18ans (c’était un enfant chétif), il en fait par passion et s’est mis tardivement à la compétition (champion de France sénior cette année). Il le fait avec le goût de l’effort et du travail, sans produits doppants ou gonflants, avec un vrai suivi. Il est très attentif pour ce qui est d’une alimentation saine et naturelle mais ne se refuse pas quelques bons plaisirs de gourmets de temps à autre.
Cela pour dire que je ne suis pas d’accord de lire que ce sport a forcément pas mal de conséquences négatives. Je crois que comme dans tout sport, il y a des extrémistes qui font n’importe quoi, malmènent leur corps et prennent des risques pour leur santé.
Quand le bodybuilding est pratiqué dans le respect de son corps, de ses limites, avec intelligence, il n’a pas de conséquences négatives.
C’est ce que je ressens en côtoyant quelques personnes dont mon beauf qui le pratiquent. :p
Je comprends ce que tu veux dire! Cependant, tant que le volume (du muscle) sera prépondérant dans la classification des athlètes, on ira toujours trop loin en rapport de ce que les tendons, les os devraient supporter. Mais tu dis que ton Beauf fait de la muscu mais quelle discipline? Juste avant, je parlais du body building, comme pour le livre!
Il est évident que cela peut-être pratiqué avec intelligence et c’est tant mieux pour celui qui le fait! De toute façon, le sport de haut niveau n’est pas bon pour le corps!
Il a été en 2017 champion de France de bodybuilding AFBBF-IFBB, sa catégorie MASTER 1 (- de 70 kg). (après sa 2ème participation seulement donc fier comme artaban). Lui c’est un petit gabarit et il n’est pas dans la recherche explosive de volume, je crois que c’est plus dans la sculpture du corps. « dessiné » je crois avec sèche.
Une photo qui avait été publiée : https://www.facebook.com/247502222122557/photos/pcb.603750169831092/603749949831114/?type=3&theater
Mais sans doute que oui, pour atteindre un certain niveau, indéniablement le corps « souffre » parce les limites de ce dernier sont souvent repoussées.
Je suis allé voir le lien et effectivement, ça reste pas trop massif! Cependant, je continue de penser que c’est très mauvais! « La sèche » ne se fait-elle pas à base de déshydratation?
Champion de france, bravo à lui!
Ah non je ne crois pas qu’il soit question de déshydratation. Au contraire, il boit beaucoup. C’est juste un régime alimentaire très stricte pour éliminer toute graisse (il a un vrai suivi par un médecin spécialisé). Mais il le reconnaît sur la fin, c’est extrêmement dur (et pas que pour lui! :p )
(il est fier comme un paon… voire même un peu trop :p )
je ne suis pas un spécialiste du domaine et tant mieux s’il s’hydrate, c’est la base.
Harry Crews est un spécialiste des Freaks, des « monstres »…
Il était adepte du body building avec sa femme pendant de nombreuses années…
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Car
Tu as l’air d’en connaitre pas mal sur cet auteur. Body ne m’a pas semblé si extraordinaire pour avoir envie de lire un autre roman de cet auteur et personne ne m’a conseillé d’autres romans de lui, jusqu’à maintenant. Je lui ai préféré, dans un genre pas trop lointain, Chuck Palahniuk qui en plus des personnages marginaux, à une originalité de style et de construction de récit. Lire l’un n’empêche pour autant pas de lire l’autre.