Le Président de Simenon

Le Président (1957) de Simenon…

Le résumé de l’éditeur: Dans sa propriété normande des Ebergues, Augustin, ancien président du Conseil, vit désormais retiré, indifférent aux affaires politiques qui ont été sa vie. Cependant, lorsqu’il apprend que son ancien chef de cabinet, Philippe Chalamont, est en passe de former le prochain gouvernement de la France, le vieux lutteur, même s’il n’a plus guère d’illusions sur les hommes et sur les affaires publiques, est tenté d’élever la voix.  Chalamont – il le sait, il en détient l’aveu signé – n’est pas un homme honorable. Des années plus tôt, il a mis à profit ses fonctions au plus haut niveau de l’Etat pour faire gagner des sommes considérables au père de sa femme…  Commence ainsi un bras de fer secret entre le vieillard et le jeune loup ambitieux, entre fils et père peut-être. Mais un autre affrontement se profile derrière le premier, plus intime et plus décisif : celui qui place Augustin face au temps, à la vieillesse, à l’anéantissement.  Une oeuvre grave, tendue, dépouillée comme une tragédie classique, sur le thème éternel du pouvoir et de ses vanités.

Encore une fois, un roman dur de Simenon n’est pas si dur, pas plus que policier. Je pourrais dire « contemporain » mais je vais plutôt aller vers « classique ». Le président aborde un sujet qui semble de prime abord pas très intéressant. Mais, avec Simenon, l’art de raconter se déploie, et les vieux jours du narrateur, cet homme de pouvoir devient un roman puissant, subtil et profond.

Le président m’a séduit sur plusieurs points à commencer par une pudeur des émotions. Une autre époque faite d’hommes d’une autre stature s’agissant de politique. Ne parlons pas des femmes, elles n’avaient pas encore de place. Simenon dresse le portrait d’un homme seul puisqu’investi d’une mission qui le dépasse. Par petites touches, l’auteur nous raconte une vie avec ses compromis, ses faiblesses.

Dans Le président, Simenon installe une tension, subtile, suffisante pour qu’on soit dans la même expectative que le narrateur puis la fin révèle que l’intention de l’auteur était, finalement, de nous raconter autre chose à travers cette histoire. Et ce roman prend une dimension supplémentaire, plus humaine, plus belle, plus touchante. C’est un très très bon roman.




Livrepoche.fr Un livre dans une poche. CQFD
8 comments to “Le Président de Simenon”
  1. Roman non lu (du moins pas encore). Me souviens par contre du film d’Henri Verneuil en 1961. Avec Jean Gabin (dans le rôle du Président) et Bernard Blier. Étonnamment, sur un sujet peu porteur du moins concertant mes affinités romanesques, certaines scènes remontent avec beaucoup de relief. Je ne savais pas l’histoire de la plume de notre Simenon.

    • Gabin va bien au personnage quoiqu’un peu jeune peut-être.
      Et sous la plume de Simenon, cette histoire pas évidente, voire casse gueule, cela devient un très beau moment de littérature.

    • L’intuition … c’est la première fois, mais je peux me tromper, que Simenon est au chevet d’un personnage de très très haute importance (même s’il semble à la retraite), on est loin de la récurrence des petites gens, de ceux sans moindre importance mais qui pourtant …

    • C’est vrai que Simenon s’attaque peu aux hommes puissants. Pour le coup, il y a rien de plus puissant à l’époque. Je crois que dans Le Fils, le narrateur est un notable bien installé (je le concède, loin d’un chef d’état).

    • Oui et non, ce n’est pas tant « introspectif » que « pudique », sensible. Et Simenon ne nous prend pas pour des lecteurs débiles auxquels il faut tout décrire. Une phrase, un mot suffit et on se prend tout ce qu’il a de non-dit dans la gueule.

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