Johnny Chien Méchant (2002) d’Emmanuel Dongala…
Le résumé de l’éditeur: Dans le Congo contemporain, un jeune de seize ans armé et violent laisse libre cours à la bête sauvage qui l’habite. Emmanuel Dongala met en scène une Afrique ravagée par les guerres, des enfants privés d’innocence et un peuple qui tente de survivre et de résister à la déchéance d’humanité. Enfin la réédition de ce livre épuisé, porté à l’écran en 2008 par Jean-Stéphane Sauvaire sous le titre Johnny Mad Dog.
Attention ! Roman choc. Sous la forme romanesque avec des personnages plutôt rares (les deux narrateurs ont une personnalité forte), Emmanuel Dongala nous raconte la guerre ethnique dans ce Congo gangréné par le pillage étatique, l’enrichissement de ces hommes politiques au rythme de leurs renversements. Le récit bascule entre Johnny Chien Méchant, milicien sans scrupule et Laokolé, jeune fille, obligé de fuir les exactions avec sa mère et son frère car ils sont de la « mauvaise » ethnie.
Quel tableau ! Emmanuel Dongala ne nous épargne rien et pourtant, Johnny Chien Méchant n’est pas pesant à la lecture. Ça tient à cette narration à la 1re personne qui d’un côté use d’un langage dédramatisant ou les pires atrocités sont normales tandis qu’il tue, viole et pille. Et de l’autre, malgré la souffrance, la résignation prend le pas sur le pire à venir. Elle tente de sauver ce qui peut l’être et il y a de moins en moins de chose à sauver.
Roman récit, roman témoignage, il ne doit y avoir que peu de fiction dans les faits que rapporte Emmanuel Dongala. Je ne vais pas faire ici de la démagogie, dire que la guerre, c’est mal, que je veux la paix dans le monde. Ce n’est pas le propos d’Emmanuel Dongala et je trouve même qu’il est parvenu à éclairer la psyché des tortionnaires du moment avec Johnny Chien Méchant.
Il est parvenu à intégrer beaucoup d’éléments comme les tensions ethniques absurdes, les problématiques humanitaires, la répartition des richesses, les antagonismes politiques qui deviennent des guerres fratricides ainsi que les diverses psychologies, victimes comme tortionnaires. Il y a les fuites, les traumatismes et les mécanismes de persécution. Johnny Chien Méchant est un roman complet.