À l’ombre des jeunes filles en fleurs de Marcel Proust

À l’ombre des jeunes filles en fleurs (1918), tome 2 d’À la recherche du temps perdu de Marcel Proust, Prix Goncourt 1919…

Un extrait de l’éditeur de poche, ici: «Tout d’un coup, dans le petit chemin creux, je m’arrêtai touché au cœur par un doux souvenir d’enfance : je venais de reconnaître, aux feuilles découpées et brillantes qui s’avançaient sur le seuil, un buisson d’aubépines défleuries, hélas, depuis la fin du printemps. Autour de moi flottait une atmosphère d’anciens mois de Marie, d’après-midi du dimanche, de croyances, d’erreurs oubliées. J’aurais voulu la saisir. Je m’arrêtai une seconde et Andrée, avec une divination charmante, me laissa causer un instant avec les feuilles de l’arbuste. Je leur demandai des nouvelles des fleurs, ces fleurs de l’aubépine pareilles à de gaies jeunes filles étourdies, coquettes et pieuses. « Ces demoiselles sont parties depuis déjà longtemps », me disaient les feuilles.»

Voila le deuxième tome de ce monument de la littérature, À l’ombre des jeunes filles en fleur (voila un titre). Dans ce tome là, Marcel Proust aborde la période adolescente et les vicissitudes inhérentes à la quête d’identité. Et dans le style unique qui le caractérise, on plonge dans cet univers grandiose et quotidien.

Alors oui, À la recherche du temps perdu est une autobiographie fictionnelle mais ce n’est pas simplement un cumul de souvenirs qui s’additionnent. Il y a une vraie et profonde recherche artistique dans la réalisation de cette oeuvre majeure. Marcel Proust en parle en partie. J’en veux pour preuve cette citation où il explique sa vision du génie en art « dans le pouvoir réfléchissant non dans la qualité intrinsèque du spectacle reflété ». Appliqué à son oeuvre, c’est parlant.

Ce que j’ai aimé dans À l’ombre des jeunes filles en fleur, c’est le travail autour de la mémoire. Marcel Proust magnifie le principe de souvenirs. Il porte au pinacle la richesse de la vie à travers ce qu’il en reste. Il est vrai que l’univers de Marcel Proust est très élitiste, très privilégié et ne peint qu’une frange marginale de la société mais l’important n’est pas là. La précision de sa prose n’a pas d’égale au monde.

Marcel Proust tisse un écheveau de phrases complexes et fluides dans lesquelles se mélangent digressions, actions et descriptions. D’une extrême densité, il faut s’armer de volonté pour aller au bout tant beaucoup de nos lectures habituelles nous habituent à une simplification grammaticale extrême. Mais ça vaut le coup. Il n’y a pas eu de Marcel Proust avant Marcel Proust et il n’y en aura plus, c’est à peu près certain.


À la recherche du temps perdu

#1 Du côté de chez Swann

#2 À l’ombre des jeunes filles en fleurs

#3 Le Côté de Guermantes

#4 Sodome et Gomorrhe

#5 La prisonnière

#6 Albertine disparue

#7 Le Temps retrouvé


Livrepoche.fr, un livre, une poche…

4 comments to “À l’ombre des jeunes filles en fleurs de Marcel Proust”
  1. dans mes étagères j’ai 3 tomes de cette série, le 1, le 5 et le 7… mais punaise, que c’est écrit petit!! je suis pas prête de les lire, ça doit tuer les yeux cette affaire!! 😀

    • Écrit petit, pas beaucoup de retour à la ligne, pas beaucoup de dialogue. Effectivement, Proust est très très dense. Je tourne à 2 min la page.

  2. Je lis au-dessus, peu de dialogues et moi les dialogues, c’est ce qui m’aide à tenir et ce que j’aime dans les romans de ce type, très dense dans leur structure. On ne peut pas dire que ça réussisse à me convaincre de lire Proust.
    Depuis quelques mois, je me rends compte que ce type de lecture me fait fuir. J’ai plus envie de lectures coup de poing, denses dans les échanges aussi et « courts » (en même temps je dis ça alors que je viens de finir un roman de plus de 700 pages…)

    • En un sens, je suis comme toi. Les dialogues rythment et font avancer bien plus rapidement. Mais Proust, c’est à part. je pense que tu trouveras, un jour, le moment où tu auras envie de le lire. Et ce sera le bon moment.

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