Sur la route de Jack Kerouac…
La tache se complique ! Il ne va pas être facile pour un modeste lecteur (mais ultra passionné de lecture) de parler d’un monument de la littérature américaine (et mondiale) tel que Sur la route le rouleau original de Jack Kerouac. Il n’y a pas un saut de ligne à l’horizon (excepté au titre LIVRE QUATRE, mais c’est probablement une erreur d’éditeur). Dans l’édition de poche que j’ai lu, celle de Folio, il y a 4 préfaces soit 150 pages qui mettent en perspective cet oeuvre à tout le moins unique. Et quelle oeuvre !
Je m’efforcerais de dire juste, modestement ce que le lecteur que je suis en a penser, les émotions qu’il a ressenti.
Le résumé de l’éditeur de poche, ici : « »Avec l’arrivée de Neal a commencé cette partie de ma vie qu’on pourrait appeler ma vie sur la route. […] Neal, c’est le type idéal, pour la route, parce que lui, il y est né, sur la route… »
Neal Cassady, chauffard génial, prophète gigolo à la bisexualité triomphale, pique-assiette inspiré et vagabond mystique, est assurément la plus grande rencontre de Jack Kerouac, avec Allen Ginsberg et William Burroughs, autres compagnons d’équipées qui apparaissent ici sous leurs vrais noms.
La virée, dans sa bande originale : un long ruban de papier, analogue à celui de la route, sur lequel l’auteur a crépité son texte sans s’arrêter, page unique, paragraphe unique.
Aujourd’hui, voici qu’on peut lire ces chants de l’innocence et de l’expérience à la fois, dans leurs accents libertaires et leur lyrisme vibrant ; aujourd’hui on peut entendre dans ses pulsations d’origine, le verbe de Kerouac, avec ses syncopes et ses envolées, long comme une phrase de sax ténor dans le noir.
Telle est la route, fête mobile, traversées incessantes de la nuit américaine, célébration de l’éphémère.
« Quand tout le monde sera mort », a écrit Ginsberg, « le roman sera publié dans toute sa folie. »
Dont acte.»
Josée Kamoun
À n’en pas douter, Jack Kerouac est un auteur incomparable dans le paysage littéraire. Et Sur la route, je pense le roman de sa vie. N’ayant pas encore lu les autres, je dis ça principalement sur la forme et le style ! Car comment renouveler une telle oeuvre ? Sous cette forme ; Un rouleau de 36,5 mètres de long ; sans un saut de ligne ; en 22 jours (3 semaines) ; c’est juste dingue ! Pour le style, c’est une « prose spontanée » qui vous emporte dans ses voyages (d’errances) à travers les États-Unis avec sa bande de potes, d’amis, de connaissances. Le tout est proprement surréaliste, d’une liberté ultime et l’Amérique des années 50 en toile de fond.
Je pense que je suis assez loin de percevoir à quel point Sur la route fut une oeuvre révolutionnaire, un contre pied à une état d’esprit ankylosé. De nos jours, un routard (ce qui se rapproche de ce que peut être Kerouac dans Sur la route) est perçu comme un être normal mais qu’en était-il dans les années 50 aux USA?
J’ai récemment lu Jours tranquilles à Clichy de Henry Miller et je suis surpris de voir, de lire à quel point ces auteurs se livrent, décomplexés, nature, sans fard, sans censure, dans leur romans. Comme Henry Miller, Jack Kerouac écrit sa vie (il y a matière) mais l’auteur qu’il est transcende la simple description de son voyage pour en faire l’oeuvre littéraire magistrale.
Ce qui résulte, c’est une sorte de désillusion philosophique. J’ai ressenti sur plusieurs passages que cette quête d’une liberté absolue s’engluait dans la réalité. Où plutôt que le Jack Kerouac observateur, mélancolique est dans l’admiration de Neal Cassady, son compagnon le plus libre mais aussi le plus fou et qu’il se rend compte d’une sorte de vanité à poursuivre une telle chimère pour lui. Et cela transpire du roman, le style est ultra vivant, fiévreux. Il y a de la folie, c’est sûr et beaucoup de liberté. L’absence de saut de ligne induit une lecture plus pressante, plus instinctive, plus urgente et plus rythmée. Sur la route est un roman moderne, prônant la vie, la liberté, le voyage et Jack Kerouac est un auteur intense comme ce roman.
Livrepoche.fr, un livre, une poche…
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J’ai du lire cette année Les souterrains, avec le quel j’ai eu un peu de mal dû au style de l’auteur. Mais avec un peu de motivation, j’ai ensuite adoré ce livre parlant des beatniks, issus de la contre-culture américaine des années 50.
Depuis, j’ai bien envie de lire son oeuvre la plus connue !
Je n’ai pas encore lu d’autres romans de Jack Kerouac. Je te conseille vraiment Sur la route car c’est une oeuvre qui me semble à part. Quand tu dis que tu as eu du mal avec le style de l’auteur, tu penses à quoi plus précisément?
Je pense principalement à son rythme effréné, ses longues phrases qui caractérisent le flot de pensée qui n’arrive pas à s’arrêter (avec le manque partiel de ponctuation, points, virgules surtout). Au départ, je me perdais un peu, je n’arrivais pas à suivre entièrement l’histoire avec tous les détails que le narrateur énoncent dans chacune de ses phrases. Alors, j’ai commencé à le lire à haute voix, et ensuite c’est passé tout seul.
Ça ressemble au style de « Sur la route, le rouleau original » où il n’y a pas un saut de ligne. C’est le genre de style assez proche du rythme de la pensée, très proche d’un flot naturel pour lequel il faut se laisser porter par le courant, par la musique du texte.
J’ai retrouvé avec Kerouac des similitudes avec le style de Dostoïevski (que j’adore).
Je n’ai lu pour le moment que Les carnets du sous-sol de Dostoïevski (Le premier volume de Crime et châtiment m’attend patiemment dans ma bibliothèque), et c’est vrai qu’il y a des similitudes entre les deux auteurs. Après , j’ai eu beaucoup plus de facilités avec Dostoïevski ayant accroché immédiatement avec son style.
Tu peux te lancer dans Crimes et châtiment en confiance alors. Et Sur la route se lit assez facilement. Personnellement, je ne me suis pas forcé (concentré) pour comprendre qui était qui des personnages secondaires, j’ai laissé venir à moi ceux qui venaient. Ça fluidifie la lecture et ne gène pas la compréhension du texte…
Bonne lecture alors !
Je ne l’ai pas lu mais j’ai vu l’adaptation, qui était un moment d’ennuie surtout du au jeu d’acteur de certain(e)s!
Mais ton avis me donne envie de découvrir l’auteur et son roman.
Ce roman est une œuvre littéraire inégalable ! Cela en fait un incontournable pour ceux qui aiment les auteurs qui vont au bout de ce qu’ils ont en tête en tant qu’artiste ! Le problème est qu’en le lisant, tu vas avoir des mauvais acteurs en tête !
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