Pulp de Charles Bukowski…
Pulp. Le dernier roman de Charles Bukowski. Édité juste avant sa mort. Comme une épitaphe à la vie. Juste avant un « Don’t try » gravé sur la tombe.
Résumé de l’éditeur de poche, ici : Louis-Ferdinand Céline n’est pas mort en 1961. On l’a aperçu à Los Angeles. Et une pulpeuse créature qui n’est autre que la Mort charge un « privé » minable, Nick Belane, de le retrouver : « Je veux m’offrir, dit-elle, le plus grand écrivain français. »
Ainsi commence l’ultime roman du génial et intenable auteur des Contes de la folie ordinaire et d’Au sud de nulle part. Une enquête échevelée, jalonnée de saouleries et de cadavres, d’autant plus compliquée que le malheureux Belane doit aussi retrouver le Moineau écarlate et pister une nommée Cindy qui roule en Mercedes rouge…
Bukowski (ou Belane le héros de Pulp) se livre, sans fard ,tel qu’il est. Il ne cache pas l’alcoolique qu’il est, ni le macho, le contraire même, il l’assume, en fait sa force. Et la poésie de Pulp réside dans l’incapacité de Bukowski (Belane) à s’adapter au monde qui se transforme autour de lui et de clamer haut et fort qu’il s’en fout, qu’il est prêt, qu’il à régler ses comptes avec la grande faucheuse. Solde de tout compte. Il ne lui reste qu’à mourir. Ce qu’il fit un peu plus tard.
Bukowski nous dépeint le Los Angeles qu’il a connu et aimé. Il est l’auteur d’une époque, d’un milieu, celui des petites gens sans grandes ambitions, qui noient la misère de leur vie dans l’alcool des bars miteux, en croisant leur solitude ou en s’affrontant pour être sûr de ne pas être déjà un peu mort. Belane mène son enquête. Ou l’enquête mène Belane là où il doit aller. Tout ce qu’il entreprend de son propre chef n’est qu’une succession d’échecs. Les mystères trouvent leurs réponses naturellement. Il ne reste plus à l’enquêteur qu’à faire semblant d’être le meilleur détective de Los Angeles et de se laisser guider.
Bukowski, dans Pulp fait montre d’une sorte de fierté de « la misère », d’humilité, une modestie dans laquelle il place sa liberté tout en haut. Mais sa liberté, il la paye par la solitude. La solitude de l’auteur qui ne peut pas dévoiler totalement ses démons et qui les dissimule sous un lac d’alcool, faisant ressortir parfois quelqu’uns sur le papier mais dont la distance oeuvre/auteur ne guérit pas. Il lui est impossible d’être en harmonie avec quelqu’un d’autre. Et cette solitude donne à Pulp une puissance supplémentaire. Le chapitre ou l’ex-femme de Belane revient le voir pour lui emprunter de l’argent. L’échange est courtois, la relation apaisée. Elle lui propose même de lui tirer une pipe. Mais cette situation anodine a une portée dramatique énorme et dévoile que la solitude de chacun atteint son paroxisme. C’est la personne la plus proche du « héros ».
Dans Pulp, il y a tout Bukowski, l’homme libre jusqu’au bout. Il dédicace ce roman à la littérature de gare mais sous des ressemblances trompeuses, Bukowski restera un grand poète qui philosopha sur la vie à travers le cul d’un verre plein, d’un cheval au galop ou celui d’une femme.
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