La fille du capitaine d’Alexandre Pouchkine…
Alors bien sûr, il ne s’agit pas de « critiquer » Pouchkine, mais de donner un avis personnel, celui du lecteur moyen du XXIe siècle que je suis, sans grande culture de la littérature russe du XIXe siècle et pas plus de culture sur la littérature mondiale. Et Pouchkine, en lisant quelques articles, on peut vite voir que c’est le père spirituel de beaucoup de grands auteurs russes, notamment mon préféré, Dostoïevski.
Le résumé de l’éditeur de poche, ici : Nous sommes en 1773 : en route pour un fortin perdu au milieu de la steppe, où il doit faire ses premières armes d’officier, Piotr Griniov voit surgir de la tempête de neige un vagabond dans lequel il reconnaîtra bientôt l’usurpateur Pougatchov. Les aventures alors s’enchaînent.
Dans ce premier roman qui est l’un de ses derniers chefs-d’œuvre, et qui ouvre l’âge d’or de la prose russe du XIXe siècle, Pouchkine a réussi à camper, à travers un roman d’amour à l’ancienne mode, un tableau plein de saveur de la société russe de la fin du XVIIIe siècle, et surtout à mettre en scène une relation paradoxale, mais symbolique, entre un représentant de l’élite européanisée de la nouvelle Russie et un homme du peuple incarnant l’élément national turbulent dont il est, bon gré mal gré, l’héritier.
La fille du capitaine n’est pas le plus connu des romans de Pouchkine comme Eugène Onéguine par exemple. Il n’a pas une grande production de romans, étant plus connu pour son oeuvre poétique plus grande.
La fille du capitaine, c’est une histoire vraie de l’Histoire russe réappropriée par Pouchkine pour en faire une oeuvre de fiction. Je ne vais pas vous faire l’article dans le détail de ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas (car je l’ignore). Et c’est un évènement à ce point délirant qu’il devient magnifique comme sujet de roman. Cela ne pouvait arriver qu’en Russie.
Je trouve le style de Pouchkine assez neutre et de fait plutôt moderne. Autant le dire, si l’édition que j’avais entre les mains n’avait pas mis les notes de bas de pages à la fin du récit, ma lecture aurait été moins interrompue, moins hachée. Roman très digeste, La fille du capitaine ressemble presque à un conte. La teneur du récit, les ressorts de la narration, la morale. C’est sans doute ce qui me fait ne pas m’enthousiasmer pour cette oeuvre. Dès les premieres situations délicates pour le personnage principal et les façons dont il s’en sort, m’ont donné le sentiment d’une lecture moraliste. J’entends par là que la vertu des personnages les sauvent des périls et de l’adversité avec une imperturbable naïveté. Il y a une sorte d’évidence romanesque que je ne m’explique pas. Pour des faits réels cela semble abusif ; pour de la fiction, c’est facile.
Je me demande en quoi la pression sociale étatique a joué sur l’écriture de La fille du capitaine. Même le grand méchant du moment où se déroule l’histoire, Pougatchov (ce nom est génial) semble avoir eu une cure de réhabilitation. Je suis totalement incapable de remettre dans le contexte historique la naissance de ce roman, et de situer Pouchkine dans l’échiquier pouvoirs. Et je serais curieux d’un avis éclairé sur le sujet. Alors à vos claviers…
Livrepoche.fr, un livre, une poche…
Intéressante chronique. J’ai un faible pour Pouchkine, c’est selon moi un des écrivains russes (dit « classique ») les plus accessibles et les plus universels dans les thèmes qu’il aborde. La légèreté et la délicatesse de son propos ne doivent pourtant pas faire oublier la gravité des sujets abordés, son observation attentive de la nature humaine.
Son style, héritage des Lumières, pour autant que la traduction permette de le retranscrire, est à la fois simple et harmonieux, précis dans ses descriptions mais sans fioritures. Un modèle d’équilibre. Je te recommande ses oeuvres intégrales aux éditions de la Pléiade (cadeau de mes trente ans je crois) pour la qualité de la contextualisation. Sa vie est digne d’un roman, trépidante, romantique, brillante… et tragiquement courte.
PS : j’aime bien la modestie générale de tes chroniques et ta curiosité intellectuelle, qualités très rares parmi tes pairs et qui rendent les blogs souvent insupportables de cuistrerie indigente 😉
Merci pour le compliment (ici et sur Livraddict).
Ce que tu dis sur Pouchkine est tout à fait vrai. Tu as trouvé les mots sur des ressentis que j’ai eu. Les passionnés tel que toi me donnent envie d’approfondir un auteur là ou je gardais un avis incertain (justement parce qu’il est un « modèle d’équilibre » des plus « accessibles et des plus universels ».
Comme le dit le nom du blog, je rechigne (et je n’ai pas d’explication rationnelle à cela) à lire autre chose qu’un livre de poche. Alors, pour la pléiade, je vais attendre un peu des fois que mon goût change.
Encore merci de ton commentaire…
À plus, ici ou là…
PS, tu es plutôt Tolstoï ou Dostoïevski?
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