Triste tigre de Neige Sinno

Triste tigre (2023) de Neige Sinno, Prix littéraire Le Monde 2023, Prix Femina 2023, Prix Blù Jean-Marc Roberts 2023, Prix Les Inrockuptibles 2023, Prix Femina 2023, Prix Goncourt des lycéens 2023…

Le résumé de l’éditeur: Entre 7 et 14 ans, la petite Neige est violée régulièrement par son beau-père. La famille recomposée vit dans les Alpes, dans les années 90, et mène une vie de bohème un peu marginale. En 2000, Neige et sa mère portent plainte et l’homme est condamné, au terme d’un procès, à neuf ans de réclusion. Des années plus tard, Neige Sinno livre un récit déchirant sur ce qui lui est arrivé. Sans pathos, sans plainte. Elle tente de dégoupiller littéralement ce qu’elle appelle sa « petite bombe ». Il ne s’agit pas seulement de l’histoire glaçante que le texte raconte, son histoire, une enfant soumise à des viols systématiques par un adulte qui aurait dû la protéger. Il s’agit aussi de la manière dont fonctionne ce texte, qui nous entraîne dans une réflexion sensible, intelligente, et d’une sincérité tranchante.

Tous ces Prix ! Comment trouver un avis impartial, neutre des récompenses et des influences d’un tel plébiscite ? Triste Tigre n’est pas un roman. C’est un témoignage… Mais pas que car Neige Sinno étudie la littérature et son témoignage écrit, récit personnel d’un fait divers effroyable (pourtant tellement courant), son témoignage, elle l’inscrit dans l’analyse cathartique de l’écriture en poussant le curseur du subjectif au minimum.

Triste Tigre est cet objet littéraire trouble avec son histoire d’abus sexuel sur mineur raconté par le menu et les détails. Mais Triste Tigre, c’est aussi cette analyse froide de la restitution par écrit, des années après, de ce que la victime se souvient, de la possibilité de la résilience (ou non) par l’exposition des faits. Les parti-pris mérite la curiosité mais…

Durant toute la lecture de Triste Tigre, une chose m’a déplu, celle de ne pas être plus en empathie avec cette petite victime. Neige Sinno se veut tellement juste dans les souvenirs qu’elle évoque que la possibilité de se tromper est presque une excuse à son tortionnaire et cela gèle toute émotion. Dans ce type de lecture, j’ai envie de ressentir du dégoût, de la colère, de la haine, ressentir quelque chose. De l’amour, de la tendresse, mais là, rien.

C’est peut-être bien, peut-être pas. C’est intelligent, réfléchit, digéré, neutre. Je ne m’y suis senti qu’en opposition avec la manière et je ne suis pas le seul. Si vous l’avez lu, qu’en avez-vous pensé ?




Livrepoche.fr Un livre dans une poche. CQFD

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