La Curée (1872) d’Émile Zola…
Le résumé de l’éditeur de poche, ici: A la fin d’une chasse, pendant la curée, les chiens dévorent les entrailles de la bête tuée. Pour le jeune Zola, qui déteste son époque, c’est le cœur de Paris, entaillé par les larges avenues de Napoléon III, que des spéculateurs véreux s’arrachent. Ce deuxième volume des Rougon-Macquart, histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire, est l’un des plus violents. Zola ne pardonne pas ces fortunes rapides qui inondent les allées du Bois d’attelages élégants, de toilettes de Worms et de bijoux éclatants. Aristide Saccard a réussi. Mais tout s’est dénaturé autour de lui : son épouse, Renée, la femme qui se conduit en homme, si belle et désœuvrée ; son fils, Maxime, l’amant efféminé de sa belle-mère. On accusa Zola d’obscénité. Il répliqua : « Une société n’est forte que lorsqu’elle met la vérité sous la grande lumière du soleil. »
Deuxième volet de la saga d’Émile Zola, La Curée ne ressemble pourtant pas à La Fortune des Rougon. Si l’un était une grosse introduction, une belle mise en bouche. La Curée, focalise sur un des fils Rougon parti à la capitale, Aristide. Et il y retrouve son frère Eugène et sa soeur Sidonie!
Je ne vais pas me lancer dans une analyse que la préface développe bien mieux que je ne saurais le faire. Ce que je veux dire, c’est comment je l’ai aimé, ce roman. Comment il m’a surpris.
C’est que je ne m’attendais pas à autant de cynisme et de noirceur de la part d’Émile Zola. Pas de héros ici. Aucun personnage pour rattraper l’autre. Chacun englué dans la turpitude de ses vices. Et c’est même avec délectation que le personnage de d’Aristide Saccard se complaît dans dans ses ambitions spéculatives. J’avoue avoir beaucoup apprécié ses passages où Émile Zola décrit par le menu les montages et les arnaques de Saccard.
C’est pour moi le personnage le plus intéressant, d’autant qu’il est parfaitement dans le ton de La Curée dont le thème principal, à mon sens, est la reconstruction de Paris, façon Haussman. Si on ajoute une soeur, Sidonie, totalement surréaliste, on se retrouve loin de ce que j’imaginais en début de lecture.
Émile Zola, c’est aussi des descriptions! Je faisais l’erreur de penser que c’était un passage obligé, un peu fastidieux. Comme beaucoup de personnes! J’y allais au courage, sans motivation. Avec La Curée, je me suis laissé porter. Je n’étais plus en confrontation. J’écoutais la musique descriptives des mots d’Émile Zola. Et c’était beau.
La Curée, c’est la peinture d’un milieu bourgeois en déliquescence dont les comportements n’ont guère évolué depuis. C’est édifiant. Je me suis moins attaché à la relation maritale du personnage mais le triangle amoureux est du même niveau que le reste du roman, le symptôme et le résultat de cette société.
Largement documenté et préparé par Émile Zola, il ne faudrait pas croire que la valeur de La Curée ne serait que documentaire. Non, Émile Zola triture le vrai, le réel pour le romancer et en faire une oeuvre entière.
La saga Rougon-Macquart
#1 La Fortune des Rougon
#2 La Curée
#3 Le Ventre de Paris
#4 La Conquête de Plassans
#5 La Faute de l’abbé Mouret
#6 Son Excellence Eugène Rougon
#7 L’assommoir
#8 Une page d’amour
#9 Nana
#10 Pot-bouille
#11 Au bonheur des dames
#12 La joie de vivre
#13 Germinal
#14 L’oeuvre
#15 La terre
#16 Le Rêve
#17 La bête humaine
#18 L’Argent
#19 La Débâcle
#20 Le docteur Pascal
Livrepoche.fr, un livre, une poche…
ah la Curée… grande fan d’Emile, je trouve également que la Curée est un des plus intéressants de la série. Tu me donnes envie de me replonger dans les Rougons, faut juste avoir le temps ! 🙂
Ce n’est que mon deuxième Rougon-Macquart mais je commence à être fan aussi! En as-tu lu beaucoup d’autres, toute la série peut-être?
oh non ! trop vaste. J’ai lu les 2 premiers + Nana + Germinal + Le Bête humaine (en gros les plus classiques). Mais avec ta chronique, ça me motive à me lancer dans le même challenge que toi 🙂
Les 2 premiers sont 1. La Fortune des Rougon, 2. La Curée! Les 2 que j’ai lu! Et je pense que tu devrais te lancer dans la lecture des 20 tomes dans l’ordre! Cela vaut le coup pour une oeuvre comme celle-ci!
Il est indéniable Nicolas qu’avec tes avis sur Zola, tu donnes envie de s’en croquer un! Cela reviendra, l’envie de classiques se fait de plus en plus prégnante.
Laisse toi tenter, il y en a que 20! 😉
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