Trois saisons en enfer de Mohammad Rabie

Trois saisons en enfer (2014) de Mohammad Rabie, traduit par Frédéric Lagrange…

Le résumé de l’éditeur: 2015. Au Caire, la rive orientale du Nil est occupée par les forces armées d’une improbable république des Chevaliers de Malte, tandis que la résistance s’organise dans Le Caire-Ouest sous l’égide d’officiers de police désireux de venger leur humiliation de 2011. Le colonel Ahmed Otared, posté en sniper au sommet de la tour du Caire, vise les chefs de l’armée ennemie. Envoyé en mission d’infiltration en zone occupée, il découvre la situation proprement infernale du centre-ville, où les habitants volent, violent, se prostituent, se droguent, s’entretuent et se suicident en masse. Ses chefs sont convaincus que les Égyptiens sont responsables de leur malheur et que davantage de sang doit couler pour les sortir de leur ignoble passivité…

La couverture a fait pour beaucoup dans l’envie de découvrir un roman fort, violent, sans filtre. Ça n’a pas loupé. Trois saisons en enfer de Mohammad Rabie n’épargne pas le lecteur. Toutes les vilénies humaines y sont représentées, décrites, largement développées, jusqu’à la lie. Âme sensible s’abstenir !

J’ai mis pas mal de temps pour lire ce roman car il y a une forme de densité dans l’horreur et les évènements ne sont pas spécialement rythmés. De plus, le propos de Mohammad Rabie n’est pas évident à percevoir, du moins au début et je suis persuadé qu’avoir vécu les révolutions arabes ou vivre dans ses pays apporte une résonance plus puissante, plus prégnante à Trois saisons en enfer. En lecteur français, je n’ai pu qu’effleurer cette dimension.

Ne vous y trompez pas, la couverture dantesque ne nous est pas sur le contenu du roman. On va bien en enfer. Cependant, mon avis est un peu neutre car si j’admire les textes intransigeants, celui de Mohammad Rabie perd du liant, de la cohésion entre les Trois saisons en enfer du titre.

Au delà du propos, ce qui m’a bien plu, c’est de ressentir, d’approcher un peu la psychologie de l’auteur, mais surtout celle d’un égyptien, leur désespérance, leur amertume, leur abattement. Alors, une révolution de plus n’est pas pour leur faire briller les yeux en songeant à un avenir radieux.




Livrepoche.fr Un livre dans une poche. CQFD

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