
Terrasses ou notre long baiser si longtemps retardé (2024) de Laurent Gaudé…
Le résumé de l’éditeur: Vendredi 13 novembre 2015, il fait exceptionnellement doux à Paris – on rêve alors à cette soirée qui pourrait avoir des airs de fête. Deux amoureuses savourent l’impatience de se retrouver ; des jumelles s’apprêtent à célébrer leur anniversaire ; une mère s’autorise à sortir sans sa fille ni son mari pour quelques heures de musique. Partout on va bavarder, rire, boire, danser, laisser le temps au temps. Rien n’annonce encore l’horreur imminente.
Au regard du sujet de ce roman, j’avais un peu peur du traitement par Laurent Gaudé de cet acte de terrorisme brut et encore très frais dans la mémoire. Et Terrasses m’a séduit surtout grâce à la manière dont l’auteur relate les faits.
Laurent Gaudé multiplie les narrateurs et immerge les lecteurs auprès des victimes, dans leur têtes innocentes, dans leur quotidien et leur attentes, dans leur désirs. Et quand l’horreur survient, ce n’est pas eux qu’ils sont touchés, c’est nous aussi.
Laurent Gaudé se fait le porte-voix de la France, cette France éprise de liberté et il généralise (avec ce « nous » narratif et fraternel), les pensées des uns et des autres. Le procédé m’a un peu rebuté au début mais prend tout son sens avec le drame en cours. Je dois avoué avoir été ému par ce récit pourtant géographiquement très loin de moi.
Terrasses m’a aussi fait percevoir à quel point Paris a été touché et à travers la ville, ce sont les habitants qui sont à l’avant dans cette lutte contre l’obscurantisme et la haine. J’ai senti à que point Laurent Gaudé, auteur parisien, avait été touché et pourquoi, il avait eu besoin, à sa manière crier notre liberté.
Merci.