La constellation du chien de Peter Heller…
Je ne suis pas à proprement parler un lecteur de genre ! En ce sens, je veux dire que j’arrive à prendre du plaisir dans toutes les lectures, dans tous les genres littéraires. J’ai bien sûr mes préférences mais ce que j’attends de l’oeuvre, c’est qu’elle me surprenne ! Le problème avec les récits de genre, c’est qu’il faut qu’il y ai les codes du genre ! Et les codes, se sont des foutues barrières !
Si l’auteur suit les codes, le lecteur averti n’est plus dans l’histoire mais au dessus, en train d’analyser, d’anticiper ce qui peut arriver. Jouer avec les codes est très risqué mais c’est le seul moyen de ne pas se mouler dans ce qui a déjà était fait ! C’est le seul moyen pour surprendre son lecteur !
Le résumé de l’éditeur de poche, ici :
Quelque part dans le Colorado, neuf ans après la Fin de Toute Chose. L’art de survivre est devenu un sport extrême, un jeu de massacre. Soumis aux circonstances hostiles, Hig, doux rêveur tendance chasse, pêche et poésie chinoise, fait équipe avec Bangley, vieux cow-boy chatouilleux de la gâchette. À la fois captivant roman d’aventures, grand huit des émotions humaines, déclaration d’amour à la nature et pure révélation littéraire, La Constellation du Chien est une version solaire de La Route de Cormac McCarthy. (Et in extremis, réconfortante !)
C’est pour cela que j’aime à changer d’univers ! C’est un peu une distraction pour le cerveau, pour qu’il oublie ce qu’il sait d’une lecture, qu’il en oublie les codes et cela me permet de replonger dans le récit, en immersion, et d’être ouvert à ce que me propose l’auteur, son langage, son rythme, son histoire. C’est le deal de lecture !
Et là, on entre en plein dans un roman post-apocalyptique !
(Digression : Même si je ne lis pas beaucoup d’oeuvre de ce genre, la télé ou le ciné nous fournit du contenu à ne plus savoir qu’en faire, et je pense que notre vision de l’apocalypse ou la principale victime est l’humanité est un tantinet optimiste, est assez réductrice et très largement en-dessous d’une probable réalité. Un virus qui ravage les Hommes n’est qu’une extinction de masse, une extinction comme il en existe partout sur la planète, sous nos yeux, lorsque des espèces d’insectes, des animaux, des végétaux disparaissent avant qu’on ai eu le temps de leur donner un nom. Pour moi, une vraie apocalypse, c’est lorsque tout mourra !)
Après ce petit interlude optimiste, je dois dire que l’univers post-apocalyptique m’est assez étranger en littérature et plutôt connu en vidéo. Je n’ai lu que La route de Cormac McCarthy et je ne croix pas avoir lu d’autres romans de ce genre. Alors, La constellation du chien de Peter Heller, je l’entame avec un regard curieux et enthousiaste ! De ce que j’ai lu, ça et là, sur le style de l’auteur, il fallait une certaine concentration pour apprécier son style coupé, hachuré.
Bizarrement, je n’ai pas trouvé cette lecture coupée ! Lire le cheminement de la pensée, c’est un peu être un autre, un autre soi-même et avec un certain abandon, la lecture devient plus immersive. Le style de Peter Heller dans La constellation du chien est peu ou prou le style qui correspond à la façon dont j’écrirais une histoire. Là où un style plus planplan a tendance à anesthésier le rythme, ici, Peter Heller dynamise son récit avec ses ruptures, ses digressions, ses ellipses.
Le parti-pris de cet oeuvre post-apocalyptique est très intéressant, plus en nuance que ce à quoi on s’attend. Ça sonne plus juste, plus réaliste, même si faire voler un avion pendant 10 ans dans un monde post-A demande un peu plus de ressources qu’un simple ravitaillement. Mais l’histoire n’est pas tant sur la méthodologie logistique de survie mais également sur la méthodologie psychologique de survie.
À la fois radical et pessimiste, la psychologie des personnages ne manque pas d’optimisme ! Pas de manichéisme dans ce roman bien qu’un peu d’angélisme. Peter Heller nous décrit une Amérique à feu et à sang, ravagée par une grippe meurtrière ! Tandis que la Nature reprend peu à peu, le fil de son équilibre, l’humanité se débat dans les affres de sa survivance !
Ce que j’ai lu dans le roman La constellation du chien, c’est une sorte d’hymne à la Nature, la Nature salvatrice, la Nature rédemptrice de nos déviances, la Nature dont nous tentons de nous extraire malgré que cela nous tue.
Mais ce roman est beaucoup plus subtil que mes propos le laissent penser. Chaque lecteur devient un survivant en puissance avec son propre regard, ses propres attentes, ses envies, ses sensibilités. Chaque lecteur met un peu de lui dans sa lecture finalement.
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