Hôtel Iris (1996) de Yôko Ogawa…
Le résumé de l’éditeur de poche, ici:
Mari est réceptionniste dans un hôtel appartenant à sa mère. Un soir, le calme des lieux est troublé par des éclats de voix : une femme sort de sa chambre en insultant le vieillard élégant et distingué qui l’accompagne, l’accusant des pires déviances. Fascinée par le personnage, Mari le retrouve quelques jours plus tard, le suit et lui offre bientôt son innocente et dangereuse beauté.
Cette étonnante histoire d’amour, de désir et de mort entraîne le lecteur dans les tréfonds du malaise dont Yôko Ogawa est sans conteste l’une des adeptes les plus douées.
Très loin de mon univers littéraire de prédilection (même si je m’efforce de cultiver un éclectisme le plus large possible), Hôtel Iris de Yôko Ogawa a failli être une lecture que j’aurais détesté mais lorsque j’ai refermé le roman sur les dernières lignes, je me suis dit que cet avis méritait plus de réflexion. Mon ressentie a basculé vers quelque chose de plus nuancé, de plus trouble, de plus flou.
Le moins que l’on puisse dire est que Hôtel Iris n’est pas une lecture anodine. Yôko Ogawa traite dans ce roman d’un sujet pour le moins dérangeant et pervers où elle place le lecteur en position de voyeur passif. C’est dérangeant et ça le fût tout au long de la lecture.
De mon point de vue, la situation romanesque de Hôtel Iris relève de comportements relationnels déviants, hors normes, illustre des rapports sociaux basés sur des personnalités tronquées et malades, tendant vers les extrêmes. La possession et l’aversion, sadisme et masochisme, l’absence du père, la figure de la vierge, l’amour comme idéal inaccessible, la négation de l’autre, etc… Il y a pas mal d’éléments dans ce roman de Yôko Ogawa qui méritent un peu plus d’attentions que le simple rejet parce que le sujet est malsain.
Dépravation et avilissement sont ici mis en situation mais le style de l’auteur nous laisse surnager au-dessus du scabreux et ce sentiment de lecture est d’autant plus trouble que le thème est plutôt pessimiste.
Et comme souvent dans la littérature asiatique, il y a une sorte de pudeur, de retenue à dévoiler les sentiments profonds. C’est paradoxal et difficilement exprimable.
J’en retient qu’une ombre plane sur Hôtel Iris, une ombre énorme de non-dits où la solitude et le silence de chacun atteint un paroxysme en se confrontant à la solitude des autres. C’est triste.
Livrepoche.fr, un livre, une poche…
J’ai déjà noté cette espèce d’ombre bizarre dans les films asiatiques. Tu es là à la fin à te dire « je suis pas sûre d’avoir aimé » et puis, après quelques temps, ce sentiment glisse vers autre chose, comme si tu acceptais le trouble ou le malaise dans lequel tu as baigné et finissais quelque part, par le « savourer »… Perturbant!
Donc là, je ne sais pas si je pourrais lire un roman comme ça.
Pour celui-là, ça s’est passé dans l’autre sens! Je me disais que je n’aimais pas ce genre là, ce style là puis la fin a fait basculer mon avis, un fin moins « asiatique » justement, plus romanesque! Et je me suis dit : Finalement, il y a quelque chose dans ce roman!