Chemin sans issue (1938) de Simenon…
Le résumé de l’éditeur de poche: Vladimir et Blinis, deux Russes blancs, sont au service de la riche et extravagante Jeanne Papelier. Vladimir, à la fois domestique et amant de Jeanne, est jaloux de Blinis, attaché à sa fille Hélène. Il le fait accuser de vol et renvoyer. Mais la honte et le remords le poursuivent. Il commet alors l’irréparable…
Encore une fois, Simenon fait fort. Mais je me répète. Chemin sans issue touche juste. Et j’adore toujours l’économie de mots qui n’est pas économie de sens. Là, en 206 pages, il parvient à mixer des thèmes apriori incompatible mais qui, sous sa plume, touche à l’évidence. Il y a du Crime et châtiment dans ce roman.
J’avoue qu’il y a une part de ce roman que j’avais senti sans le formaliser, sans mettre les mots dessus et c’est à la lecture d’une chronique inspirée et argumentée que l’homosexualité est le centre de l’oeuvre. Et cela n’est pas impossible. Simenon se garde bien d’enfoncer des portes à grands fracas. Il est plutôt l’auteur cambrioleur qui entrouvre la porte et vous laisse découvrir ce qu’il y a derrière. C’est la culpabilité et les « amitiés masculines » que nous raconte Simenon.
Chemin sans issue est aussi un tableau étonnement précis d’une époque, des portraits de personnages incarnés magnifiquement. je me demande comment Simenon réussit ce tour de force. Il touche toujours aussi juste, avec une subtilité et une réserve qui grandit son auteur.
Il y a de grandes chances que vous ne lisiez pas ce roman tant Simenon n’est pas encore reconnu à sa juste valeur « populaire » et souffre d’une injuste image vieillotte. Il est pourtant tout le contraire.
Et même si vous connaissez Simenon, tomber sur ce titre en particulier, dans la quantité qu’il a écrit, tiendrait du miracle. De toute façon, soyez assuré de la qualité de la plupart des « romans durs » de l’auteur.
J’ai lu quelques Simenon quand j’étais ado, mais j’avais trouvé les non-Maigret trop noirs… J’ai l’impression que j’aimerais mieux cela maintenant, tu me donnes le goût de tenter l’expérience!
Je pense que tu devrais retenter l’expérience. Il y en a peut-être certains qui sont bien noirs mais pour la plupart (ceux que j’ai lu) c’est de la littérature classique du côté sombre.
Depuis le temps que nous tournons autour de Simenon aucun Maigret ou « roman dur » ne nous parait en-dessous de la moyenne. Je ne sais pas combien de temps encore cela va durer. Simenon sait y faire: dans la forme avec des romans courts et denses, dans le fond avec des thèmes presque invariablement lourds et prenants.
Je continue à piocher au hasard dans ses oeuvres. Sur celui-ci, peut-être , vais-je accepter de me laisser guider. Ta chronique m’y pousse. A suivre.
Je suis un peu moins enthousiaste avec les Maigret.
j’ai tout un recueil d’oeuvres de Simenon chez mes parents que m’avait donner ma tante. j’avoue que je ne me suis jamais arreter ^plus que ça dessus. Bon c’est du maigret, mais je devrais retenter vu que j’en suis a la redécouverte de classique (si on peut le cataloguer dans le classique
Je suis catégorique Simenon est un auteur classique.
Pour les Maigret, je trouve moins bien que les « romans durs » mais c’est très bon quand même.
Surprenant le sujet (déguisé) dans ce roman. Pudeur de l’homme ou peur des retours? J’ai envie de le lire maintenant, mais comme tu dis, pas sûre de le trouver. Je me souviens lorsque je cherchais certains de ses romans noirs en bibli, de m’être dit « zut ils n’en ont pas tant que ça… ».
Mais déjà retourner à la bibli!
Les Simenon durs doivent se trouver plus facilement dans les boites à livres et les bouquinistes, les brocantes aussi ou Emmaus.