À l’estomac de Chuck Palahniuk…
Le résumé de l’éditeur de poche, ici: L’un se nomme Saint Descente de Boyaux, l’autre Dame Clocharde, un autre encore Duc des Vandales… Ainsi de suite jusqu’à l’Agent Cafteur et le Chaînon Manquant. En tout une vingtaine de volontaires ayant quitté abruptement le quotidien sans laisser la moindre trace. L’annonce, discrète dans le journal, leur promettait de se retrouver au secret, sans contact avec l’extérieur, afin d’accoucher enfin du chef-d’œuvre qu’ils portaient en eux. Ce qui était censé être un refuge se révélera un imparable piège. Les mêmes qui affirmaient venir pour écrire avaient tous besoin, pour de multiples raisons plus inavouables les unes que les autres, de fuir la justice et les hommes… Tous à la fin – ou presque! – auront en effet une histoire à raconter… Ce ne sera certainement pas celle à laquelle ils pensaient…
Je suis lancé en plein dans la relecture de ma bibliothèque, surtout les romans dont j’ai l’impression d’être passé à côté ou du moins, ceux pour lesquels j’ai l’impression de ne pas avoir perçu toute la puissance. À l’estomac de Chuck Palahniuk en est un bon exemple.
J’ai lu tous les romans de Chuck Palahniuk sortis en poche (je ne m’explique pas pourquoi je fais un blocage sur les grands formats) et celui-ci est le plus trash que j’ai lu. Tout genre confondu. Il peut y avoir ponctuellement plus gore dans un livre de genre mais il m’est difficile de ranger Palahniuk dans une quelconque case d’éditeur. Sf ou policier, je me demande toujours ce qu’ils font là. De fait, pour un roman de société, l’horreur vient du positionnement du lecteur, de son acceptation de la véracité (ou du moins la probabilité) de ce qui est raconté.
Et là, c’est le roman le plus trash que j’ai lu.
À l’estomac, sous couvert de folie, est bien plus révélateur de la société contemporaine, riche, vivant dans une paix relative et extrêmement urbanisé que ne l’est 50 nuances de Grey ou tout autre roman sulfureux (sulfureux > qui sent le souffre). Chuck Palahniuk est un incroyable sociologue et philosophe du corps.
Je pense que son travail littéraire autour de la déconstruction du corps et de son image fera trace dans l’histoire car il analyse, explore finement les névroses liées à la chair, à son acceptation ou son dénie. À l’estomac va encore plus loin dans la désacralisation, dans l’instrumentalisation du corps. Il va au bout.
Chuck Palahniuk, comme nul autre, sait interroger les valeurs de l’Amérique, les battre en brèche, les défier, les faire exploser sous une plume féroce mais toujours jubilatoire.
À l’estomac est un huis-clos intense. La galerie des personnages est juste prodigieuse d’originalité. Maître du rythme, il fait croître la tension jusqu’à son paroxysme. Il retourne les codes, les schémas de pensées habituels du genre, il nous surprend sans cesse, fouille dans nos entrailles pour voir de quoi nous sommes fait.
Je trouve qu’À l’estomac n’est pas le plus accessible des romans de Chuck Palahiuk. 600 pages, plus d’une vingtaine de personnages avec des noms surréalistes, tous mis en scène dans une succession de poèmes et de nouvelles, chacune plus hilarantes et folles que la suivante.
Il ne m’a pas été facile de situer précisément chaque personnage dans cette histoire mais cela n’a pas trop d’incidence sur la compréhension générale.
À l’estomac va chercher dans les comportements limites de la société américaine, fleurant avec le rationnel parfois, souvent de mauvais goût. Si vous croyez que certains comportements n’existent pas, ouvrez les yeux! Les romans de Palahniuk, sans être documentaire, se nourrissent des chroniques les plus folles de son pays.
Livrepoche.fr, un livre, une poche…
Je t’ai bien lu avec attention mais j’avoue que je n’arrive pas à savoir précisément de quoi parle ce roman. J’ai l’impression qu’il n’y a pas qu’une histoire et que tout ça tient au nombre important de personnages présents… Mais ça attise aussi beaucoup ma curiosité.
C’est vrai que le résumé de l’éditeur est un peu flou et que j’essaye de ne pas trop parler de l’histoire pour laisser la découverte ! Il y a l’histoire principale ponctuée par des flashbacks sous forme de nouvelles pour chaque personnage! Mais ça se tient bien quand même, malgré le nombre !
Je ne connais pas du tout l’auteur et mais les thèmes abordés me plaisent et quand je lis sulfureux (lol) je suis partante. Je le glisse dans ma WL
Avant de partir sur ce roman là, je te conseillerais plutôt Fight club, son premier roman chef d’oeuvre, Choke et Monstres invisibles tout aussi réussi et que j’ai relu récemment! Ajoute à cela Survivant et te voila avec quelques lectures bien barrées sous la main. À l’estomac est beaucoup moins facile à aborder.
Je suis refaite, autant commencer par le commencement afin de mieux apprécier le reste. merci pour tes conseils mais ma PaL n’en dis pas autant.