Seules les bêtes de Colin Niel

Seules les bêtes (2017) de Colin Niel, Prix Polar en séries de Quais du Polar 2017, Prix Polar Landerneau 2017, Prix de l’Académie cévenole Cabri d’or 2017, Prix Goutte de Sang d’Encre 2017, Prix du roman Cézam inter-CE 2018…

Le résumé de l’éditeur: Une femme a disparu. Sa voiture est retrouvée au départ d’un sentier de randonnée qui fait l’ascension vers le plateau où survivent quelques fermes habitées par des hommes seuls. Alors que les gendarmes n’ont aucune piste et que l’hiver impose sa loi, plusieurs personnes se savent pourtant liées à cette disparition. Tour à tour, elles prennent la parole et chacune a son secret, presque aussi précieux que sa propre vie. Et si le chemin qui mène à la vérité manque autant d’oxygène que les hauteurs du ciel qui ici écrase les vivants, c’est que cette histoire a commencé loin, bien loin de cette montagne sauvage où l’on est séparé de tout, sur un autre continent où les désirs d’ici battent la chamade.

La 1re fois que j’entends parler de Colin Niel, c’est lors d’un apéritif lecture de mon club où beaucoup semblaient avoir apprécier Seules les bêtes. Depuis quelques semaines, je gardais en tête de le lire pour me faire ma propre opinion. Et voila, je vous la livre.

On parle beaucoup de roman chorale pour Seules les bêtes mais ce n’est pas comme ça que j’ai envie de le qualifier. Dans une chorale, toutes les voix s’entendent, s’entremêlent. Là, c’est plutôt un relai. 5 parties qui se succèdent et donnent, avec une nouvelle voix, un nouvel angle, un nouvel aspect de l’intrigue. Chacun son tour. En cela, Colin Niel maitrise bien ce qui est dit et ce qui est tu. Il développe ses personnages, leur pathos, leurs vies. Peut-être un peu trop mais du coup, le côté terroir/rural ressort bien.

L’intrigue de Seules les bêtes est parfaitement assemblée et structurée et pourtant, à trop bien faire, Colin Niel m’a fait sortir du roman. La 4e partie, dépaysante, originale, était bien partie jusqu’à devenir tellement improbable que les ficelles, non, les cordes romanesques de Seules les bêtes m’ont sauté aux yeux. J’ai vu l’auteur qui écrivait derrière. Et ça, ce n’est jamais bon signe quand ça m’arrive.

À vouloir faire que tout se tienne, se réponde, Colin Niel a lâché, le minimum réaliste, probable, crédible. Il est allé trop loin mais la raison est louable, c’est pour finir le roman avec une boucle (quand tout trouve sa place).




Livrepoche.fr Un livre dans une poche. CQFD
4 comments to “Seules les bêtes de Colin Niel”
  1. J’ai bien envie de me le lire ce roman choral (« relais » au regard de ton appréciation que je trouve judicieuse car affinant la définition). Là où chacun apporte sa part de vérité au service du puzzle final. J’aime bien cette manière de reconstruction. Le dernier que j’ai essayé et qui m’a énormément plu fut un épais roman policier historique (XVII ème siècle à Oxford) signé Ian Pears qui a attendu son ultime bout pour livrer le fin mot de l’histoire). Son titre: « Le cercle de la croix ».

    • J’ai lu un Iain Pears et bien aimé, le premier tome de sa série d’enquête, L’affaire Raphael. Faudrait que je me relance dans cet auteur et je crois que tu m’avais déjà parler de Le cercle de la croix.
      PS, désolé pour cette réponse tardive.

  2. Un auteur qu’on sent qu’il « s’écoute » écrire ça a le même effet qu’une personne que l’on sent qui s’écoute parler alors?
    Je n’ai jamais lu l’auteur, toujours très présent aux Quais du polar.
    Un polar trop parfait au sens que tout se voit trop bien dessiné selon toi alors ?

    • Ce n’est pas tant qu’il s’écoute mais plutôt que son histoire, pour être trop bien ficelé dans sa mécanique et trop bien achalandé, découvre l’artisan qui l’a fabriqué. C’est un bon polar avec ce que j’aime, quand l’auteur essaye de mener en bateau son lecteur et le surprendre à la fin. L’exercice est difficile et parfois, l’auteur va trop loin pour que tout se tienne, comme ici.
      Vu les avis enthousiastes sur cet auteur, il mérité le détour.

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