Ritournelle (2021) de Dimitri Rouchon-Borie…
Le résumé de l’éditeur: Monsieur Ka, Monsieur Ron et Monsieur Petit s’ennuient. Ils trainent leurs rêves de jour en jour, sans trop y croire. Une nuit, leur errance les rassemble dans le bar d’une ville minuscule. C’est le moment que vont choisir les trois hommes, dans une montée d’ivresse, de frustration et de rage, pour basculer dans une folie barbare.
Ayant lu Le Démon de la Colline aux loups, roman que j’avais aimé, je m’étais tout de même fait la remarque que la partie « procès » était bien trop longue et pas des plus intéressantes. Je me rends compte avec Ritournelle que c’est précisément ça qui caractérise Dimitri Rouchon-Borie. C’est un chroniqueur judiciaire. Le procès, c’est son substrat, ça matière première.
Ritournelle est né de cela. Une chronique retravaillée pour en faire un roman. Et quel roman ! Mieux réussi encore que Le Démon… car la structure du roman intègre le procès et les diverses interventions dans la narration. Témoignages et faits cohabitent dans ce court roman et ajoute encore plus au drame par le grand écart entre l’horreur commise et l’affligeant désintérêt des protagonistes pour les actes qu’ils ont commis. C’est glaçant.
Dimitri Rouchon-Borie nous ballade dans un univers pas franc et malgré l’horreur, les protagonistes m’ont beaucoup fait rire. Beaucoup au début, moins à la fin, je dois l’avouer. L’inconséquence de leur attitude confère au drolatique. On se moque de l’idiot quand celui-ci se prend pour un caïd.
Pour le reste, c’est une descente aux enfers avec l’envenimement des situations banales. Le style de Dimitri Rouchon-Borie est sec, sans fioriture et rend bien cet univers très parlé, très vivant.
Un auteur à suivre, assurément.
