Paris la nuit de Jérémie Guez…
Sans attente particulière vis à vis de cet auteur, je termine assez rapidement Paris la nuit de Jérémie Guez. Deux soirs pour être précis. Avant tout, je tiens à dire que je ne suis pas un grand lecteur de polars ou de romans noirs. J’en connais les codes comme tout le monde, pas plus, sans pour autant être capable de juger la manière dont ils sont appliqués. C’est donc avec un regard « neuf », si je peux dire, que je parle de Paris la nuit.
La promesse de l’éditeur de poche, ici: « Abraham est un fils de la rue. Avec Goran, son ami d’enfance, il partage défonces, embrouilles et petites combines. Dealer à l’occasion pour assouvir ses propres besoins, il erre dans les rues de la Goutte d’Or à Paris, conscient que sa vie s’enfuit dans une direction toujours plus sombre, sans issue. À l’occasion d’une de leurs nombreuses virées dans un bar de la capitale, ils découvrent une salle de jeu clandestine qu’ils décident de braquer. Mais les truands ne vont pas les laisser s’en sortir indemnes. Vient alors le temps de la fuite de la planque, puis de la traque… »
Si je lis Paris la nuit sans a priori sur l’âge de l’auteur, son univers, ce roman me fait penser à un roman fantasme, un brin naïf. C’est le fantasme collectif sur les voyous, le côté sombre de notre société. J’y vois le fantasme d’un jeune homme issu d’un milieu pas forcement bourgeois mais éduqué, poli, tranquille. Et si j’y vois cela, c’est que j’ai eu les même fantasmes. Le même désir de n’être plus dans le contrôle mais dans la réaction aux agressions de la vie. C’est notre animalité qui s’exprime. Je serais surpris d’appendre que l’auteur est commis quelque infraction au Code Pénal.
Effectivement Jérémie Guez est un jeune écrivain, indéniablement précoce c’est certain, mais dont le premier roman à les défauts de sa jeunesse. Et je ne juge pas la véracité de l’intrigue ou sa capacité à être réaliste, crédible ou je ne sais quoi de « documenté ». À vrai dire, peu m’importe! Avec Paris la nuit, je me suis senti plongé dans un romantisme un peu trop convenu, presque trop prévisible pour un lecteur de ma génération (trentenaire). Qui n’a pas envi de répondre brutalement aux attaques de la vie, de tout laisser tomber, de se foutre des conséquences, des conventions, de retrouver le reptile qui sommeille dans notre cerveau. C’est ce qu’il se passe dans ce roman.
La descente aux enfers d’Abraham comme elle est traitée parle de « déconstruction » et c’est un thême sur lequel on ne peut écrire qu’avec la plus grande modestie depuis la sortie d’un magistral Fight club de Chuck Palahniuk, Ed Folio SF. Ce que j’attends de Jérémie Guez, c’est d’être capable de me séduire ou me surprendre dans sa poésie, dans son romantisme, dans sa brutalité, dans sa narration. Ce qu’a écrit Palahniuk est juste gigantesque eu égard les 288 pages de Fight club. Sa prose est percutante, sa narration novatrice. C’est ce que j’appelle un roman ultime, un roman étalon. Et La déconstruction de Paris la nuit parait timide, policé, presque « populaire ».
Le roman noir est le moyen d’aller se noyer (le temps d’une lecture) dans les tréfonds de l’âme humaine, dans sa monstruosité, dans sa folie, dans sa viscéralité. Un roman qui prend aux tripes et que je ne saurais trop conseillé est Raphael, derniers jours de Grégory McDonald, Éd 10/18.
Tout n’est pas sans intérêt! Loin s’en faut. Paris la nuit m’a tenu en haleine de bout en bout grâce à un rythme efficace. Je ne saurais expliquer pourquoi mais je ressentais une sorte d’urgence à lire la phrase suivante. Ce roman m’a gardé en apnée jusqu’à la dernière ligne. Jérémie Guez a parfaitement réussi à insuffler une nervosité littéraire non dénuée de charme.
Personnellement, je porte beaucoup d’espoirs dans chaque nouvelle lecture. J’attends d’être bouleversé, surpris par le style, le sujet, le phrasé. À défaut d’être au dessus du lot, autant être hors du lot. Mes exigences sont rarement comblées mais le charme de la lecture opère quand même avec ce roman et j’ai suivi avec passion même si mon avis est plus rude.
Peut-être le tryptique, donnera à Paris la nuit une dimension supplémentaire, une résonance qui me fera revoir cette avis, un brin sévère.
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Oui ! Raphaël, derniers jours ! Magnifique, bouleversant ! viens de lire le roman de Jérémie Guez, c’est pas mal pour ses débuts mais dans un genre similaire, je recommanderais « Tchao pantin » d’Alain Page, nettement plus percutant dans son écriture et qui a été évidemment adapté au cinéma… célèbre film que l’on connait tous.
Effectivement le film est très connu mais beaucoup moins le livre original. Je ne connais même pas l’auteur! Et je vais aller voir de plus près cet auteur car j’aime beaucoup les lectures « percutantes ». Merci du conseil Louis
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