Mademoiselle Baudelaire (2021) d’Yslaire, (scénario et dessins)…
Le résumé de l’éditeur: Deux cents ans après sa naissance, Baudelaire continue de marquer les générations et le poète plane sur l’oeuvre d’Yslaire depuis les origines. C’est pourtant Jeanne Duval, celle que le poète a le plus aimée et le plus maudite, que le dessinateur a choisie pour revisiter dans ce chef-d’oeuvre la matière sulfureuse et autobiographique des Fleurs du mal.
De Jeanne, pourtant, on ne sait presque rien, ni son vrai nom, ni sa date de naissance, ni sa date de décès. Aucune lettre signée de sa main ne nous est parvenue. Restent quelques témoignages, des portraits dessinés par Baudelaire lui-même, une photo de Nadar non authentifiée, sans oublier les poèmes qu’elle lui a inspirés. Jeanne, « c’est l’invisible de toute une époque » qui réapparaît dans la résonance féministe de la nôtre. Elle qui était stigmatisée comme mulâtresse, créole et surnommée « Vénus noire » en référence à la « Vénus hottentote », aimante tous les préjugés d’un siècle misogyne et raciste.
Je me souviens avoir été séduit, dans mes jeunes années, par la série Sambre (les 4-5 premiers tomes) de Bernard Yslaire. Je me souviens de planches riches, inspirées, vivantes et sensuelles. Je me suis toujours dit qu’il fallait que j’y revienne et c’est chose faite avec Mademoiselle Baudelaire.
Et une nouvelle fois, les planches sont d’une richesse graphique assez rares. C’est foisonnant, ça déborde des cases et remplie de détails. Tout ce que j’aime. Les tonalités ont une forte identité et une puissance sombre qui affermit la violence des émotions. Et je peux dire cela malgré que les personnages ne soient pas « beaux ». Une personnage principale pas forcement séduisante et un Baudelaire pas idéalisé comme il aurait pu l’être. Non. Des gueules qui sont tellement immergées dans la richesse des planches que cela ne dérange pas. Il y a qu’à voir la double page plus bas.
Pour l’histoire, Bernard Yslaire s’immisce dans les ombres du passé du grand poète et de sa mystérieuse « muse noire ». Il développe une histoire d’amour, forte et contrariée qui ne manque pas de sensibilité. C’est une BD qui m’a vraiment séduit et nul doute que je vais me tourner de nouveau vers Bernard Yslaire et fortement conseiller Mademoiselle Baudelaire.
Belle chronique. Des mots forts et beaux pour raconter un ressenti. Félicitations. Je jalouse (si, si).
Cet Yslaire me tente. Déjà Sambre, c’était quelque chose de fort et d’attachant. Atypique, triste, beau et envoûtant, de par son thème central, son scénario et ses dessins qui parlaient tant de traits et d’ombres à nul autre pareils.
Tentante BD en PAL, donc. A suivre.
Merci Alvin,
J’ai très envie de me replonger dans Sambre alors qu’il ne me reste qu’une impression, des tons, des visages, des cheveux, une couleur, rouge.
Yslaire! punaise ça me rappelle que je n’ai pas poursuivi Sambre (problème d’horaire et de fatigue, je ne fréquente plus ma bibliothèque…). La planche que tu partages est de toute beauté. Contente que le scénario tienne la route aussi
Pareil que toi pour Sambre. Je ne me rappelle plus de l’histoire car j’ai arrêté en cours mais quelle beauté esthétique. Et l’histoire de Mademoiselle Baudelaire est bien trouvée pour une biographie.