ÊTRE SANS DESTIN D’IMRE KERTÉSZ

Être sans destin d'Imre Kertész par Livrepoche.fr

Être sans destin d’Imre Kertész…

Le résumé de l’éditeur de poche (ayant acquis les droits), ici« Et malgré la réflexion, la raison, le discernement, le bon sens, je ne pouvais pas méconnaître la voix d’une espèce de désir sourd, qui s’était faufilée en moi, comme honteuse d’être si insensée, et pourtant de plus en plus obstinée : je voudrais vivre encore un peu dans ce beau camp de concentration. »
De son arrestation, à Budapest, à la libération du camp, un adolescent a vécu le cauchemar d’un temps arrêté et répétitif, victime tant de l’horreur concentrationnaire que de l’instinct de survie qui lui fit composer avec l’inacceptable. Parole inaudible avant que ce livre ne la vienne proférer dans toute sa force et ne pose la question de savoir ce qu’il advient, quand il est privé de tout destin, de l’humanité de l’homme.
Imre Kertész ne veut ni témoigner ni « penser » son expérience mais recréer le monde des camps, au fil d’une impitoyable reconstitution immédiate dont la fiction pouvait seule supporter le poids de douleur.
Cette œuvre dont l’élaboration a requis un inimaginable travail de distanciation et de mémoire dérangera tout autant ceux qui refusent encore de voir en face le fonctionnement du totalitarisme que ceux qui entretiennent le mythe d’un univers concentrationnaire manichéen. Mis au ban de la Hongrie communiste, ignoré par le milieu littéraire à sa parution en 1975, Être sans destin renaît après la chute du mur. Enfin reconnu, Imre Kertész a, depuis, reçu plusieurs prix prestigieux tant en Hongrie qu’en Allemagne.

Imre Kertész, c’est un écrivain hongrois né en 1929 et mort le 31 mars 2016. Il est un survivant des camps de concentration nazis. Il est Prix Nobel de Littérature 2002.

Être sans destin est son premier roman, édité en 1975. Ce récit raconte l’expérience de déportation de l’auteur dans les camps de la mort allemands.

Si le propos d’Être sans destin est la pire des abominations, la manière dont Imre Kertész la raconte lui enlève une évidente lourdeur. D’un point de vue strictement de la lecture, ce roman se lit très bien. Le ton juvénile, empreint d’une certaine naïveté, y est pour beaucoup. Déporté à l’âge de 15 ans, Imre Kertész associe cette « légèreté » fataliste au fond de son propos sur l’inénarrable horreur des camps de concentration.

Être sans destin réussit à nous plonger dans la tête de l’auteur et démontre comment tout, jusqu’au pire, peut devenir acceptable par celui et ceux qui le vivent. Le temps est ce qui permet de tout accepter.

Pour ma part, la plongée dans ce roman a été vertigineuse. Si on se demande comment ça a pu  arriver. La réponse est dans Être sans destin! Ce roman est une claque de réalisme et une analyse primordiale sur notre humanité. Si ce roman a été écrit bien après les évènements, les souvenirs (et je ne dis pas les cauchemars) d’Imre Kertész sont extrêmement clairs.

Je ne crois pas qu’il ai fallu tout ce temps à l’auteur pour faire un travail de distanciation comme le dit la 4e de couverture mais plutôt qu’il a du chercher et trouver le ton juste pour parfaitement restitué le sentiment d’acceptation de la barbarie, par étapes, pas après pas. C’est un éclairage poignant sur la possibilité du pire, ceux qui le font et ceux qui le subissent.

Imre Kertész, avec une finesse salvatrice, nous livre un des témoignages ultimes sur le sujet et nous enjoint de ne jamais oublier, parce qu’avec le temps, le pire peut être accepter. Être sans destin est d’utilité publique. À lire absolument !

Livrepoche.fr, un livre, une poche…

4 comments to “ÊTRE SANS DESTIN D’IMRE KERTÉSZ”
  1. je ne connais pas ce titre et te remercie pour la découverte car, en ce qui concerne les camps, j’en ai beaucoup lu et mon auteur préféré reste Jorge Semprun.

    • Contrairement à toi, je n’ai pas beaucoup lu sur les camps et sur cette période mais j’ai trouvé à ce récit témoignage un regard assez bouleversant et plutôt à contrecourant de l’idée que l’on se fait. En ce sens là, j’ai pris une claque.
      Je ne connais pas Jorge Semprum mais si tu me le conseilles, même si je ne suis pas porté vers cette période, je me le note.

  2. Pingback: UN ÉTÉ 42 D'HERMAN RAUCHER - livrepoche

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