Dans la toile du temps d’Adrian Tchaikovsky

Dans la toile du temps (2015) d’Adrian Tchaikovsky, traduit par Henry-Luc Planchat, Prix Arthur C. Clarke 2016…

Le résumé de l’éditeur, Folio: La Terre est au plus mal… Ses derniers habitants n’ont plus qu’un seul espoir : coloniser le «Monde de Kern», une planète lointaine, spécialement terraformée pour l’espèce humaine. Mais sur ce «monde vert» paradisiaque, tout ne s’est pas déroulé comme les scientifiques s’y attendaient. Une autre espèce que celle qui était prévue, aidée par un nanovirus, s’est parfaitement adaptée à ce nouvel environnement et elle n’a pas du tout l’intention de laisser sa place. Le choc de deux civilisations aussi différentes que possible semble inévitable. Qui seront donc les héritiers de l’ancienne Terre? Qui sortira vainqueur du piège tendu par la toile du temps?

Je profite d’une sélection Folio pour faire connaissance avec Adrian Tchaikovsky et son premier roman édité en VF, Dans la toile du temps. Avec un résumé si alléchant, difficile de résister et hâte de savoir comment l’auteur entrevoie la possibilité d’un futur autour du concept de terraformation et de nanovirus. Un programme détonant quand on ajoute la menace de l’extinction de l’humanité.

Dans la toile du temps est un bon gros pavé de SF qui développe en parallèle, 2 destinées, 2 évolutions. Si une des parties s’avère assez classique avec la fuite spatiale, la découverte de nouveau monde, la vie en vaisseau, l’autre m’a un peu plus surpris en utilisant une espèce connue mais dont l’évolution a de quoi surprendre. Surprendre et donner des frissons car Portia risque de ne pas plaire à tous les arachnophobes.

Dans la toile du temps n’est pas une SF technique ou technologique mais plutôt une SF biologique. Dans la plus grande partie du roman, Adrian Tchaikovsky a su me séduire avec l’évolution de ses grosses petites bêtes. Et si certains n’y ont pas vu l’anthropomorphisme, j’ai trouvé que l’auteur y colle pas mal de comportements peu crédibles car trop proche d’un comportement humain et de plus, un peu moralisateur. L’ensemble s’avère prévisible. Et le plaisir n’en est pas moins là et pour beaucoup, la partie « Portia » est la plus intéressante. c’est mon cas et valable pour les 3 premiers quarts du roman.

Le dernier quart, chez les humains, amène une ambiance d’errance et de perdition tout à fait intéressante, une ambiance que j’ai rarement lu jusque là. L’histoire tend à se resserrer et on est vraiment pressé de connaitre comment ces 2 communautés vont s’en sortir.

Adrian Tchaikovsky aborde des thèmes autour de réflexion sur la fragilité du vivant, le délicat équilibre de la vie, la finitude des choses et remet clairement en question la mentalité humaine face à « l’autre », face à l’inconnu.

Dans la toile du temps est un peu long et chaque nouveau chapitre ne fait pas forcement suite (temporelle) au précédent et on est parfois un peu perdu en début d’autant que l’auteur n’est pas précis sur ce point là, mais il n’a pas besoin de l’être. Il nous fait grâce d’informations en trop. J’ai même été cueilli par la chute, originale et bien trouvée.




Livrepoche.fr Un livre dans une poche. CQFD
14 comments to “Dans la toile du temps d’Adrian Tchaikovsky”
  1. La chronique tente. Je ne connais pas l’auteur; alors pourquoi pas ? D’autant qu’il apparait sur la MC à venir. Mais j’ai une double crainte que tu pourras peut-être lever. Un tantinet hard-SF plus science que fiction ? Mélange de sous-genre pour une résultante un peu fouillis, non..? Mais vrai, je veux bien essayer.

    • Si tu ne connais pas l’auteur, c’est peut-être parce que c’est le premier titre traduit en VF.
      Pour tes craintes, j’irais pas jusqu’à dire que c’est « Hard » mais c’est effectivement de la « science » naturelle pour une partie. Pour l’autre, c’est de la SF classique.
      Je ne dirais pas que c’est fouillis mais il y avait peut-être moyen de faire plus punchie.

  2. Certains noms d’auteurs d’outre-manche ou d’outre-atlantique non encore traduits parviennent à transpirer sur les forums SF. Mais là, rien, du moins à ma connaissance. Si ce n’est que Folio dans ses « A paraitre ». Je savais Folio Sf ouvert à la nouveauté, avec Tchaikovsky la politique de la collection est donc dans la normalité de ses actes.

  3. Personnellement tu m’as convaincue. J’ai l’impression ces derniers temps que la SF ne se renouvelle pas assez, est moins pertinente, hors tu soulèves le point de l’originalité et c’est tentant d’y céder. Les points noirs que t’as soulevés me font un peu peur, mais je tentera quand même ma chance à l’occasion !

    • Pour l’originalité, je tiens à préciser que je n’ai pas lu beaucoup de SF. Il est souvent préciser la filiation avec David Brin. J’imagine que ce roman s’inscrit dans une lignée de sous-genre mais là, ça dépasse mes connaissances.

    • David Brin, c’est de la hard SF soft qui reste romanesque, accessible, qui n’a pas perdu l’essentiel: « Le sense of wonder.

  4. Ouuuuuf enfin fini! 3 semaines dessus ont failli avoir raison de mon envie d’aller au bout. Si j’ai conscience que ce n’était pas le bon moment pour moi de plonger dans ce roman, il reste qu’il aurait pu être plus court pour que l’histoire et notamment les parties consacrées aux araignées soient plus « punchy » effectivement.

    J’ai souffert MAIS c’est un roman qui a un contenu et des idées excellentes.

    Je vois que tu ne parles pas du tout du langage. Et pourtant, c’est un des thèmes majeur de ce titre. Et dur ce plan, je l’ai trouvé passionnant.
    Peut-être parce que la linguistique m’a toujours intéressée.
    Le langage des araignées, leur manière de communiquer à l’origine, puis les évolutions de ce langage. Ensuite la manière dont le savoir est véhiculé puis la recherche de communication avec d’autres espèces et enfin avec les humains.

    Du côté humain, il y a le langage informatique, les IA, la duplication etc…

    Je comprends pourquoi le roman est en lice du Prix des Utopiales de cette année dont le thème est Coder/décoder.

    Moins de longueurs c’est été moins éprouvant pour moi de le lire. :p

    • Je pense aussi qu’il aurait pu être plus court. Il aurait gagné en nervosité.
      Pour le langage, maintenant que tu en parles, c’est vrai qu’il est important dans ce roman. Pas si flagrant pour moi à la lecture mais comme tu le sais, je ne suis pas un lecteur très concentré.
      Il a l’air d’être pile dans le thème des Utopiales ce roman.

    • Je t’ai emprunté le mot « nervosité » dans mon paragraphe mineure sur la longueur du roman.

      Mais non, je ne savais pas que tu n’étais pas un lecteur très concentré en fait 🙂 Mais tu commences à le dire alors je note. Je crois que je verse un peu aussi dans la déconcentration. Chez moi, elle est plus présente dans le début de lecture ^^

      Il est tout à fait adéquat par rapport au thème de ces Utopiales. J’en parle un peu dans mon billet d’ailleurs de cette adéquation 🙂
      Je ne sais s’il va emporter le Prix Utopiales, mais il est très bon malgré quelques étirements ^^

      Et toi, toujours pas intéressé d’y venir aux Utos? (me dit pas c’est trop loin, j’ai une amie de Nice qui vient)

    • Je suis curieux, quels sont les autres titres en compétition et les as-tu lu?
      Et pour y venir, je crois que c’est à la fois la distance mais surtout, l’obligation du craquage et je ne peux absolument pas me le permettre. Beaucoup, beaucoup, beaucoup trop de livres en PAL.

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