Berceuse de Chuck Palahniuk…
Palahniuk, c’est une exception. Il est l’auteur qui parvient à satisfaire mes envies d’une littérature originale conjuguée à un style puissant qui augmente la pression sanguine et parvient à tenir le lecteur hors d’haleine pendant les 363 pages de Berceuse. Je suis un lecteur de sensation et j’apprécie d’autant ces romans car ils prennent aux tripes comme aucun autre.
Le résumé de l’éditeur de poche, ici : Carl Streator est journaliste et mène une enquête sur le phénomène de la mort subite du nourrisson. Au cours de ses recherches, il fait la connaissance de John Nash, un ambulancier nécrophile, et se rend compte que les parents des victimes ont tous lu à leur enfant une certaine berceuse tirée d’un livre de poèmes dont il reste deux cents exemplaires dans tout le pays.
Au cours de ses investigations, Carl rencontre Helen Hoover Boyle, agent immobilier spécialiste en maisons hantées ; elle lui apprend que la berceuse est en réalité un sort maléfique tiré malencontreusement d’un livre de sorcellerie, le Livre des Ombres, qui contient tous les enchantements, bons ou mauvais, accumulés au cours des siècles par les sorciers.
Carl et Helen, accompagnés d’un écolo radical et d’une mystique New Age, traversent les États-Unis à la recherche de tous les exemplaires existants, avec le secret espoir de trouver aussi le grimoire original du Livre des Ombres.
Mais à quoi bon tenter de résumer un roman de Chuck Palahniuk ? Comme les autres, Berceuse est une bombe à retardement, un livre rétroactif, un nouveau tour de magie d’un auteur qui est en train de créer, en toute discrétion, une des œuvres les plus originales et les plus radicales de la littérature américaine de ce début de siècle.
Il est vrai que Berceuse est moins brillant que les autres romans tel que Fight club, Survivant ou Choke mais sa lecture reste tout de même un vrai régal. Qui peut écrire : Vous êtes-vous demandé quand est-ce que Dieu revient avec une sauce barbecue ?
Ce que nous renvoie l’Amérique au quotidien à travers le cinéma, la presse, la télé, internet rend les personnages de Chuck Palahniuk plus plausible à qui cherche du réalisme comportemental dans les héros de livres. Et c’est ce qui fait que l’on aime ou non Chuck Palahniuk car malgré la folie totale des personnages qui jalonnent Berceuse, on sait, au fond de nous, qu’ils sont vrais. Ils sont vrais dans le sens qu’il n’est pas impossible qu’ils existent.
Et Palahniuk nous dévoile une galerie déjantée de gens à la limite du réel qui sont nos frères, qui sont nos contemporains et avec quelle évidence il parvient à ordonner son récit montre qu’il est un auteur incontournable.
Philosophe des plaies ouvertes, Palahniuk nous égratigne la peau avec des phrases lacérantes comme des rasoirs. Il continue son oeuvre de déconstruction de nos certitudes, de nos convictions judéo-chrétienne. Et ne pas rentrer dans son jeu, ne pas lâcher prise sur le réalisme durant la lecture, c’est prouver qu’il est dans le vrai. Berceuse, au delà de la part fantastique, c’est ce qu’on a du mal à admettre, ce qu’on refuse de valider comme contemporain. Dans tous les cas, Palahniuk a raison.
Si on aime, c’est que l’on consent qu’il est dans le vrai. Et si on aime pas, c’est une sorte de refus de sortir de notre confort occidental. C’est pour cela qu’il plaît aux jeunes, avides d’égratignures, avides d’expériences, les même expérience que leurs parents ne font plus. Palahniuk touche du doigt le fossé générationnel en essayant de bousculer les plus confortablement installés.
Berceuse, c’est l’histoire de Carl Streator et de sa nouvelle famille recomposée, une famille lancée dans un road trip de tueurs en série pour sauver l’humanité. Antisocial au possible. Subversif et atypique.
À L’ATTENTION DES LECTEURS DE BERCEUSE,
Si vous avez eu des démangeaisons de cerveau à cause d’une sensibilité heurtée, il se peut que vous répondiez à des critères pour un recours en collectif…
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Whaouh, voilà qui donne particulièrement envie de découvrir cet auteur! Je ne connais pas du tout, alors tu m’ouvres de nouvelles perspectives, merci beaucoup!
Par ailleurs, le pitch m’a l’air particulièrement alléchant!
C’est un auteur radical au sens ou je pense que le lecteur va l’adorer ou le détester ! Je ne pense pas qu’il puisse laisser indifférent ! Ce serait sympa de me donner ton avis une fois que tu en aura lu un !
Ps, tu ne connais pas Fight club ?