Les bêtes de Black City (2011-2015) de Marco Rastrelli (scénario) et Lorenzo Nuti (dessin)…
Le résumé de l’éditeur: Black City. Une ville de lOuest des États-Unis surgie du néant. Centre de tri pour les soldats de larmée nordistes, elle voit passer tous les rebus de lhumanité prompts à sengager pour fuir quelque passé sordide. Dans cette antichambre de lEnfer, il y a la Maison de Madame Deveraux et ses Anges de Black City, trois catins à soudards tentant de racheter leur liberté au prix de leur souillure. Un jour, une opportunité de couper cours à la fatalité et de faire la nique au Destin se présente: en collaborant à lattaque de la diligence transportant la paye de larmée, elles seront plus riches quen 150 ans de passes. Leur rôle? Retenir par leurs charmes les convoyeurs. Facile pour les Anges. Mais cétait sans compter sur le caractère violent et vicieux des convoyeursHistoire sombre dun Ouest sauvage où la vie na pas de valeur et où chaque instant est une épreuve de survie. Cette bédé, prévue en 3 volumes, renoue avec les styles des westerns spaghetti et crépusculaires.
1. La chute des anges
Dans le genre de la Bd érotique, j’ai l’impression qu’il y a une grande production de qualité esthétique très moyenne, voire très moche. Alors, quand je croise les planches de Les bêtes de Black City, je fais le détour pour voir de quoi il retourne. Et effectivement, les dessins de Lorenzo Nuti ne manquent pas de gueule.
Le tome 1, La chute des anges donne le tempo de ce western italien bien violent dans lequel la pornographie est un outil comme le pistolet et le lasso. Le sexe explicite y est domination, brutalité et affirme les caractères d’un far west de sueur et de sang.
Le style fracassé du trait et les couleurs omniprésentes saturent les cases et donne cette ambiance de malaise permanent que le cadrage accentue encore. Pour le moins, le dessin est torturé et la chaleur qui s’en dégage brule les doigts.
Pour l’histoire de Marcello Rastrelli, cela part sur une bonne vieille vengeance assez manichéenne, on pourrait dire tarantinesque mais ce n’est que le premier tome alors, attendons la suite.
2. Le poids des chaînes
2e des 3 tomes de la série, Le poids des chaines poursuit l’exploration de cette vengeance sanglante mais s’avère un peu moins manichéen qu’on aurait pu le croire. On découvre un personnage sous une nouvelle facette et c’est tant mieux. J’avais peur que le scénario soit vraiment brut de décoffrage. Le sexe n’est pas traité différemment d’avec le premier tome mais la structure de la narration évolue avec de longs flashbacks et des ellipses qui font des ruptures dans le rythme, des ruptures bienvenues.
Et le style de Lorenzo Nuti fonctionne toujours très bien sur moi et me laisse cette impression de malaise, d’ambiance torturée, d’âmes en perdition, au bord du chaos. La palette de couleur s’accorde sensiblement. J’aime.
3. Le feu de la vengeance
Le feu de la vengeance, ce dernier et sanglant tome porte bien son nom. Et je reste surpris, agréablement surpris par Les bêtes de Black City qui, pour une Bd érotique, ne réduit pas son propos aux scènes pornographique. Les actes sexuels y sont explicite comme les tueries et les massacres. L’équilibre dans les extrêmes, cette paire d’auteurs Marcello Rastrelli et Lorenzo Nuti me font l’effet de sortir des sentiers battus.
Le scénario ne manque pas de rebondissements et je la verrais bien adaptée à l’écran, dans une production qui ose tout.
C’est donc une bonne surprise que cette série en 3 tomes car le style et l’ambiance reste ce qui domine et non les scènes de sexe, souvent posé comme un cheveux sur une soupe bien fade. Pas ici. Je recommande pour un public très averti. Âme sensible s’abstenir, dit l’écriteau.