Les 120 journées de Sodome (1807) de Donatien Alphonse François Sade…
Le résumé de l’éditeur: Vers la fin du règne de Louis XIV, quatre aristocrates âgés de 45 à 60 ans, « dont la fortune immense est le produit du meurtre et de la concussion », le duc de Blangis, l’évêque son frère, le président de Curval et le financier Durcet, s’enferment, en plein hiver, dans un château perdu de la Forêt-Noire, le château de Silling, avec quarante-deux victimes soumises à leur pouvoir absolu : leurs épouses (chacun a épousé la fille de l’autre) et de jeunes garçons et jeunes filles ravis à leurs parents.
J’ai déjà lu Sade par le passé et je me demandais comment réagirait le lecteur que je suis devenu face au plus irrévérencieux et choquant des auteurs classiques.
C’est en voyant la nouvelle édition de Les 120 journées de Sodome que je saisis l’occasion sans trop savoir dans quel projet littéraire je mets les pieds. Je ne lirai les préfaces et les infos qu’après la lecture.
Dès le début, on sent qu’on a affaire à un texte très réfléchit, très construit. Il y a aussi beaucoup de personnages secondaires (en plus des quatre personnages principaux) a qui on attribue des missions variées dans le but d’organiser un projet de libertinage extrême (je pèse mes mots). Les 4 amis prévoient de s’enfermer pendant 4 mois avec une foultitude d’esclaves, souvent jeunes et explorer le vice par le menu en 4 étapes de plus en plus insoutenable.
Sade le dit à travers ses personnages, le vice doit aller crescendo avec ses quatre conteuses qui vont alimenter les soirées de leurs récits malsains.
La première partie nous raconte 150 expériences toutes plus sordides les unes que les autres, expériences racontées que les libertins vont reproduire dans ce huis-clos sulfureux et inextricable pour les otages.
C’est pire que ce qu’on peut imaginer. Sade va chercher tous le sacré et le prestigieux pour l’enfoncer dans la merde.
Verdict : tous les hommes sont des monstres en substance.
Je ne sais pas si c’est l’effet désiré mais l’accumulation des scènes et de leurs variantes tourne au grotesque. Passé le choc de Les 120 journées de Sodome, la structure très respectée m’a lassé. Et le contraste en le fond qui prône une liberté ultime et les forme très cadrée à de quoi surpendre.
En lisant cette première partie, long développement, je me disais que le projet de Sade était dingue et ultime. Mais voila le hic de l’histoire. Les 3 parties suivantes ne sont qu’un plan de moins en moins détaillé. Pourquoi ne l’a-t-il pas fini ?
La question demeure car s’il a écrit le texte, en prison, sur un fin rouleau, en un peu moins d’un mois, il semble ne pas y avoir touché pendant quatre ans avant de se faire évader de la prison où sa femme, en récupérant ses affaires, n’a pas récupéré ce texte. Manuscrit perdu. Fin de l’histoire.