Salammbô (1862) de Gustave Flaubert…
Le résumé de l’éditeur: À l’extérieur des murs de Carthage, une armée se prépare au siège. Nous sommes au III? siècle avant J.-C : Hamilcar vient de perdre la première guerre punique. Les mercenaires réclament leur solde ; le mécontentement grandit. Depuis les hauteurs de la ville, Salammbô, la fille d’Hamilcar, prie Tanit, la déesse de la Lune. Sorcière et prêtresse, belle et maléfique, elle semble jeter un sort sur l’armée des barbares : deux mercenaires, qui l’aperçoivent lors d’un banquet, en tombent follement amoureux… Roman de la fascination, Salammbô met en scène un orientalisme sensuel et violent, où s’entremêlent les passions du combat et de l’amour. Obsédante et fantasmée, l’héroïne hante chaque page du roman.
Fallait bien que je lise Gustave Flaubert un de ses jours et c’est fait avec Salammbô, un roman auquel je ne m’attendais pas du tout.
Effectivement, si on m’avait dit qu’un auteur français du XIXe s’était aventuré sur la chasse gardée d’Homère, je ne l’aurais pas cru. Faut dire, je ne suis pas une référence en ce qui concerne les classiques. Petit à petit, je me soigne.
Ainsi, je me lance dans l’après-guerre punique et les problèmes entre les mercenaires et les carthaginois. Gustave Flaubert, dans une langue épique, nous porte dans cette histoire d’un tragique absolu. L’intensité mélodramatique commence dès cette première injustice subit par les mercenaires que l’on refuse de payer.
J’ai beaucoup aimé Salammbô, emporté dans les trahisons, les alliances de circonstances, l’honneur qui fait les hommes de valeur et les batailles dantesques. On est emporté par un souffle romanesque indéniable.
Ce n’est pas le roman qui va me fixer sur l’oeuvre de Gustave Flaubert car je vois bien que Salammbô est un épisode exceptionnel. Et j’avoue que ce que j’entends sur le style lénifiant et ennuyeux de Madame Bovary me pousse à y préférer L’éducation sentimentale comme prochaine tentative avec Gustave Flaubert. Une autre idée ?
Je suis vraiment contente de voir que tu as aimé ce roman qui reste mon préféré de Flaubert… mais c’est certain que les autres sont totalement différents et beaucoup plus ancrés dans le XIXe.
Si tu ne veux pas te lancer dans un pavé mais renouveler l’expérience Flaubert, je te conseille les Contes qui sont de petits bijoux.
Coucou My,
Je me suis noté les Contes de Maupassant pour ne pas oublier. « Petits bijoux », à ce point ?
Celui-là, je l’ai. Depuis des plombes et des plombes.
Il me guette. Il me dit de venir à lui. « Petit, petit, petit …! ».
Et un jour, il m’aura. Si si si..!
Jamais lu Flaubert, tenté je suis par cet auteur mais sens que çà viendra via Salammbô plus que par Bovary.
Lue (et admirée), jadis, l’adaptation BD signée Druillet (3 tomes, je crois). Foisonnant et difficile à décrypter. Mais beau et somptueux. Je ne me souviens que de peu de choses si ce n’est que, que sur les planches, il m’avait fallu des yeux partout.
Non, rien à faire, il me faut les mots de Flaubert.
Salut Alvin,
Ce Flaubert devrait te plaire par son côté épique et tragique et effectivement, c’est pas Madame Bovary. Je remarque que tu lis beaucoup d’adaptations BD. Est-ce la hasard ou un palliatif pour s’épargner la lecture des originaux?
M’enfin …
Non, quand le cas se présente, je lis les deux (et intégralement). Dans l’ordre quasi invariable, mais il existe des exceptions, du roman (c’est, quand même, la matière première) suivi de son adaptation BD. Idem pour le roman précédant le (re)visionnage du long métrage.
Et il y a une raison.
Le texte brut du roman construit ma propre vision des choses : elle nait des seuls mots de l’auteur, se bâtit à l’aveugle, dirais-je, presque en braille … !. Il en émerge des personnages qui n’ont pas la même gueule d’un lecteur à l’autre, ni la même voix, ni la même dégaine ; des lieux et des situations identiques perçus de manières différentes selon les sensibilités propres à chacun; les sons, les odeurs et les couleurs n’y sont pas strictement les mêmes. Voilà, c’est çà, nous lecteurs bâtissons tous différemment sur la terre commune de mots identiques.
la BD (ou le film) accolée me propose l’imaginaire de quelqu’un d’autre, sa propre façon de voir. Et c’est ce qui m’intéresse, ce regard DIFFERENT. C’est tellement enrichissant. Alors, bien sûr, le résultat peut ne pas coller à mes perceptions, mais quand c’est en phase, le plaisir est fort, j’y trouve le partage et c’est génial.
Un peu comme de comparer d’un blog à l’autre ce qui ressort, ce qui s’aimante ou se rejette d’une commune lecture.
Alors, oui, je lis tout ce que je chronique.
Je taquinais bien sûr, car dans le principe, je n’aime pas lire 2 fois la même oeuvre mais je dois dire que ton argumentaire est diablement convaincant et pas dénué de bon sens. Voila qui me fait réfléchir.
Je fais comme Avin, toujours le roman en premier, et les adaptations ensuite, et pour les mêmes raisons que lui 🙂
J’avoue qu’il m’a convaincu.
Et je rajouterais même que la plupart du temps je suis déçue par les adaptations, si bien que je préfère m’en tenir qu’aux romans..
Le roman m’offre une telle liberté d’imagination que l’adaptation me semble terriblement restrictive en comparaison.
Certaines adaptations (Dune, par exemple, quel que soit le réalisateur ciné) s’avèrent au final inadaptables et provoquent la colère de qui les voit et ne peut s’y immerger sans se heurter à sa propre vision inamovible des choses. N’empêche, cet autrui qui a fait naitre chacune d’elles est louable d’intention, les variations induites sont passionnantes, ne cessent de me poser questions et de m’interroger: c’est mettre à jour la pluralité des perceptions et c’est magique.
Je suis d’accord avec ton avis et les pisses-froid pensent peut-être que les adaptations veulent égaler l’oeuvre originale alors que, comme tu le soulignes, c’est une interprétation. Et cela permet à ceux qui connaissent d’avoir possiblement des axes de lectures ou de compréhension.
Comment faire autrement. Les oeuvres graphiques ne peuvent pas lutter contre les mots des romans que chaque lecteur met en image avec ses propres envies et passifs.