Rage de Stephen King (Richard Bachman)

Rage (1977) de Stephen King (Richard Bachman), traduit par Évelyne Châtelain…

Le résumé de l’éditeur: Neuf heures cinq. L’écureuil cavale sur la pelouse. Dans la salle 16, Mme Underwood donne son cours d’algèbre… « Si l’on augmente le nombre de variables, les axiomes eux-mêmes restent valides… » L’interphone crache alors une giclée de mots-requins. Charles Decker est convoqué chez le directeur. Neuf heures vingt. Après un entretien destroy, Charly met le feu aux vestiaires. Dans les marais puants de son subconscient, son dinosaure personnel patauge avec rage. Charly ouvre la porte de sa classe, tire sur son prof, qui s’effondre. Exit. Tuée sur le coup. Charly se sent merveilleusement bien. Il est allé jusqu’au bout… Neuf heures cinquante. Océan de silence dans la classe prise en otage. Charly se prépare pour le sprint final. Psychodrame et lavage de cerveau. Tout le monde va passer à la moulinette…

Voila ce que j’appelle un grand auteur. Stephen King est vraiment un écrivain hors normes. Puis-je dire génial? Avec Rage, petit roman de 251 pages, publié sous son pseudo Richard Bachman en 1977 (mais terminé en 1971) touche au sublime (littéraire).

Tout d’abord, v’est l’observateur critique de la société qui ressort. Des années avant la tuerie de Columbine, Stephen King avait ouvert la porte du possible d’une prise d’otages dans un lycée. Peut-être a-t-il inspiré ou initié d’autres également? Sur Wiki, il est dit que depuis 1988, quelques tueurs adolescents ayant ciblés d’autres adolescents ou des professeurs avaient lu Rage. Pour Stephen King, Columbine a été le détonateur. Il a interdit les rééditions de cette ouvrage.

Perso, je ne pense pas que cela change quoi que ce soit. À mon avis, le roman n’est pas le détonateur d’un passage à l’acte. Il est plutôt une sorte de révélateur d’un malaise, le signe qu’il est partagé, transgénérationnel, sociétal.

Et Stephen King en fait un roman puissant, exempt d’effet d’horreur factice car ce qui est horrible, ici, c’est le réel et son infini cruauté.

Rage m’a séduit par sa lucidité, son originalité, choquant par moment, brut, direct. On sent l’auteur de genre avant qu’il ne devienne l’auteur de genre mainstream. Stephen King développe, avec le personnage principal, une galerie judicieuse, caractéristique et symptomatique de personnages secondaires qui font de cette histoire et de qui est développé, une oeuvre fondamentale.

Et le demi siècle passé ne laisse aucune ride aux lignes de Stephen King. Tout juste génial par la synthèse qu’il opère, Rage est magistral. Il ne vous reste plus qu’à fouiner les bacs des bouquinistes pour dénicher cette perle rare.




Livrepoche.fr Un livre dans une poche. CQFD
6 comments to “Rage de Stephen King (Richard Bachman)”
  1. Jamais (ou pas encore) lu. Je suis curieux de ton avis (la 4 de couv est tentante et trash). Il me semble en avoir vu une adaptation ciné (mais pas sûr).

    • Pas encore écrit la chronique mais je peux déjà dire que j’ai adoré. C’est un King social et sociétal qui est une nouvelle fois visionnaire et très juste dans son récit.

  2. Un de ces livres qui m’a le plus marqué, un de mes préférés pour le moment. C’est assez différent de ce que j’ai pu lire de lui mais il y a toujours cette intelligence et cette manière de retranscrire la réalité brute dans une fiction empreinte d’émotions fortes et de réflexions sur notre société actuelle.

    • Je crois que je suis pas loin d’être de ton avis. Peut-être mon préféré jusque là. Ton commentaire résume tout.

  3. Ah je me suis noté de le lire celui-ci. Par contre, je ne savais pas qu’il n’était pas réédité… ça risque de rendre difficile son acquisition…

    Sinon, je suis d’accord avec ce que tu dis, je ne pense pas qu’un roman puisse être le déclencheur d’actes sordides. Certains se plaisent à pointer du doigt tel ou tel livre, jeu ou que sais je encore, pour trouver un responsable aux défaillances et actes cruels humains. Comme si ceux-ci ne pouvaient naître d’eux même, du fait de la personne elle-même qui les commet.
    La part d’ombre en chacun de nous est bien là, et pour certains, elle n’est en rien bridée.

    Bref, je veux le lire et je le lirai!

    • Va falloir être vigilante dans les brocantes ou les vide-greniers et pas louper l’occasion qui se présente.
      Il faut se méfier des gens (politiques) qui pointent du doigt la culture pour la stigmatiser et surtout réduire sa liberté alors que le vrai problème se cache dans la misère institutionnalisée.

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