Le Nom de la rose d’Umberto Eco…
Le résumé de l’éditeur de poche, ici: En l’an de grâce et de disgrâce 1327, rien ne va plus dans la chrétienté. Des bandes d’hérétiques sillonnent les royaumes. Lorsque Guillaume de Baskerville, accompagné de son secrétaire, arrive dans le havre de sérénité et de neutralité qu’est l’abbaye située entre Provence et Ligurie – que tout l’Occident admire pour la science de ses moines et la richesse de sa bibliothèque –, il est aussitôt mis à contribution par l’abbé. La veille, un moine s’est jeté du haut des murailles. C’est le premier des assassinats qui seront scandés par les heures canoniales de la vie monastique. Crimes, stupre, vice, hérésie, tout va advenir en l’espace de sept jours.
Sous sa forme amusante de roman policier et savante de devinette érudite, un vibrant plaidoyer pour la liberté, pour la mesure, pour la sagesse, menacées de tous côtés par les forces de la déraison et de la nuit.
Dominique Fernandez, L’Express.
Il ne va pas être facile de donner mon avis sur cette lecture tant Le Nom de la rose est complexe à cerner. Je ne suis pas très à l’aise à l’idée de dire pourquoi j’ai aimé cette lecture sans qu’elle me passionne plus que cela.
Pourquoi j’ai aimé un roman qui ne m’emballe pas? Tout d’abord, Le Nom de la rose est une vraie oeuvre de littérature. Ce n’est pas un consommable littéraire sans personnalité. Umberto Eco est un vrai auteur, le genre qui peut intimider par son érudition. Certains le trouvent prétentieux !
La valeur documentaire de cette oeuvre est remarquable. Il y a un foisonnement de détails qui permettent une mise en situation totale et précise. Au lieu d’être indigeste, le roman est très didactique dans sa forme.
L’auteur, à travers son narrateur nous explique, nous pose la situation et déroule son intrigue dans un style linéaire et analytique. Presque professoral. Et ça, c’est ce qui ne me plaît pas trop car à se vouloir trop clair, le texte se dilue, s’étire et perd en rythme.
Ainsi, le thriller ésotérique n’est pas des plus intenses dans sa construction (rythme, découpage, complexité des interactions) mais ne manque pas d’intérêt pour autant. L’originalité de la situation rend Le Nom de la rose très intéressant. La justesse de ce qui se déroule dan cette abbaye (dialogues, déplacements, contextes) est prodigieux pour la forme historique mais le sujet sous-jacent, la religion, est de ce qui m’intéresse le moins.
Je fais abstraction de ça et ma curiosité latente doublée d’une très grande méconnaissance des choses théologiques (historique ou contemporaine) et je me suis laisser raconter Le Nom de la rose, en confiance. Et ce n’est pas aller plus loin. Peut-Être que le langage anti-clérical inter-textuel d’Umberto Eco est une sorte de plaidoyer pour des idées qui résonnent d’évidence à mon sens.
Le Nom de la rose m’a permis de clarifier cette période moyenâgeuse sur le plan religieux tout du moins. On sent en Umberto Eco, un passionné souhaitant transmettre toutes les nuances de son sujet. Ce polar médiéval ravira les fans d’histoire mais ne contentera pas forcement les aficionados des intrigues policières.
Livrepoche.fr, un livre, une poche…
ah ben oui, je ne pense pas qu’il soit à lire comme un récit policier médiéval. Beaucoup l’ont cru et ne l’ont pas aimé du coup. pour moi c’est un récit qui reste érudit mais met au niveau de tous cette érudition. De multiples références jalonnent le récit ( le monde inversé, la f^te des fous, l’enfer …) et ce que tu dis de l’anti-cléricalisme colle bien à une certaine idée que l’on se fait de l’Eglise toute puissante de cette époque. Contente que tu aies participé avec nous 😉
Je suis très content d’avoir saisi l’occasion pour, en premier temps, découvrir Umberto Eco, et en second, lire cette oeuvre qui peut impressionner de prime abord.
Je ne connais que le film, comme beaucoup, mais je pense que c’est un livre qui mérite d’être lu. Ta critique me donne envie de le découvrir, c’est une lecture exigeante mais qui doit être passionnante quand on connaît l’érudition de l’auteur. Quant au rythme dont tu parles, il est peut-être à l’image de celui de l’époque médiévale où l’on prenait davantage son temps. Merci pour ton billet !
La lecture n’est pas tant exigeante que précise car il se lit très bien sur la forme (du vocabulaires à chercher parfois et des locutions latines non traduites qui mettent dans l’ambiance mais pas plus). Umberto Eco a délibérément laissé les 100 premières pages que son éditeur lui demandait de raccourcir. En faisant cela, il veut que le lecteur soit dans les bonnes dispositions pour s’ouvrir à l’ensemble du récit.
Je recommande une édition dans laquelle il y a « L’Apostille », une explication de l’auteur sur la façon dont il a pensé son oeuvre. C’est impressionnant de voir ce qu’il y a de travail et de réflexion derrière cet oeuvre.
Merci pour tes précisions !
Mais de rien ! As-tu lu d’autres livres d’Umberto Eco ?
Non, jamais encore, ça m’impressionnait un peu, mais je lirai très certainement Le Nom de la rose un de ces jours, et je suis persuadée que ce roman me plaira.
Tu peux te lancer en confiance…
J’avoue m’être pas mal triturée l’esprit pour savoir comment parler de ce roman. Au final j’ai laissé venir quelque chose de moins pointu que vos avis à vous mes co-lecteurs ^^
Le tien est une belle analyse, sommaire, juste ce qu’il faut 🙂
Je n’ai pas trop eu de sentiments de rupture du rythme mais je vois tout à fait pourquoi tu soulèves ce point.
Contenu varié et intense, il faut rester bien concentré tout du long sous peine de décrocher.
J’ai écouté une interview d’Eco au sujet du Nom de la rose. Il parlait, pour faire écho à ton « certains le trouvent prétentieux », de l’orgueil intellectuel qui était sien aussi.
Avec une telle érudition, ça se comprend, mais je n’ai pas l’impression que l’homme soit dans la démonstration à outrance ici. Je trouve même qu’il fait son possible pour mettre tout cela au niveau du lecteur (bon en lui demandant tout de même un petit effort intellectuel :p ).
C’était sympa d’échanger autour de ce roman 🙂
Tu as raison lorsque tu dis « qu’il fait son possible pour mettre tout cela au niveau du lecteur ». Le roman en lui-même est érudit dans sa justesse mais cela reste invisible aux lecteurs. Tout pourrais être un peu faux que cela ne changerait pas grand chose. C’est la façon dont il parle de lui et de l’érudition qu’il a mis dans l’écriture de ce roman qui le rend prétentieux mais après tout, avoir conscience d’être érudit et ne pas feindre la modestie, l’humilité n’a rien de condamnable, c’est une forme d’honnêteté.
Et oui, c’est bien d’approfondir sur une lecture.
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J’ai adoré ce roman. Certes il peut paraitre difficile d’accès avec tous ces mots d’érudition mais dépassé cela, on trouve un roman tellement passionnant, très intelligent et enrichissant. Il me tarde de découvrir d’autres oeuvres d’Umberto Eco.
J’ai bien aimé ce roman aussi et je n’ai pas lu d’autre Umberto Eco depuis! On est dans la même situation!