Deuxième lecture de Autoportrait à l’ouvre-boite de Philippe Ségur après une dizaine d’années et ce que je peux dire est que le sentiment que j’en avais gardé s’est sensiblement modifié au fil des ans. Je ne suis plus très sûr de vouloir relire certains romans dont le souvenir est encore très positif. Dans le genre, c’est le 99 francs de Frédéric Beigbeder. Alors que je ne me lasse pas de Chuck Palahniuk, que je peux relire inlassablement, certains romans sont des rencontres, des moments parfaits de disposition l’un envers l’autre et totalement irreproductible.
Le résumé de l’éditeur de poche, ici :
Un matin de mai 1984, Marc Flanders se met en règle avec sa conscience. Victime d’une malédiction familiale, il se sait condamné à mourir bientôt. Car sa vie est dominée depuis l’enfance par la figure d’un double : celle d’un oncle et parrain précocement disparu dont il a acquis la certitude d’être la réplique et de reproduire le destin. Ne voulant recevoir sa mort de personne d’autre que de lui-même, il a décidé de se supprimer le jour de ses vingt ans.
Le jour fatidique vient de se lever… Et, tandis que les heures passent, que des émotions de plus en plus violentes assaillent le jeune homme, que son histoire se précise, une question se pose avec une acuité grandissante : est-il vraiment le maître de son destin ou n’en est-il que le jouet ? La réponse est donnée à la fin de cette histoire à l’humour noir, flamboyant et féroce.
C’est un peu ce qui s’est passé avec Autoportrait à l’ouvre-boite. Deuxième oeuvre de Philippe Ségur après Métaphysique du chien (plusieurs fois primés), ce roman est pourtant tout à fait le genre à me séduire. Pétrit d’irrévérence, un style de littérature propre et direct. Je regrette quelques facilités pour s’arranger le déroulé de l’histoire mais la lecture en est agréable et très fluide.
Alternant entre le récit de ses mémoires « mémoires d’un renégat » et la dernière journée fatidique du personnage principal, Mark Flanders, Philippe Ségur nous dévoile le caractère de son personnage central. Il nous dévoile une personnalité forgée par un atavisme puissant ou l’individu n’a que peu de prises ! Ajouté à cela le caractère de quelqu’un qui sait sa mort inéluctable, et qui s’affranchit des barrières de la convenance sociale et vous obtenez un être sans scrupule, d’une franchise effrayante si elle n’était pas enviable.
Parce qu’on finit par l’envier ce Marc Flanders ! Il pense ce que l’on pense mais il dit ce que nous nous retenons de dire, ce que nous gardons cacher, ce que nous n’osons pas nous avouer parfois. Je ne trouve pas ce roman flamboyant et féroce (mordant peut-être) comme le dit la 4ème de couverture mais plutôt lucide et une certaine forme de sincérité.
D’un point de vue littéraire, je préfère un auteur tel que Philippe Ségur que certain autres auteurs français de cette génération que j’ai pu lire dont le narcissisme est trop flagrant. Mais ce n’est que mon avis. Je me demande vraiment si je suis le seul à ressentir ce genre de sentiment ?
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