Punk Samouraï, (…Raââh, je me meurs…) (2004) de Ko Machida, traduit par Patrick Honnoré…
Le résumé de l’éditeur: Un samouraï au chômage (ou selon une terminologie plus romantique un “samouraï sans maître”) sabre en pleine rue un pauvre vieillard pèlerin qui ne lui avait rien fait, accompagné de sa fille aveugle. Un autre samouraï, dûment appointé par le seigneur du lieu, lui en demande la raison. Et le premier d’improviser alors la fable d’un complot délirant, organisé par une secte ultra-mystérieuse : les “secoueurs de ventre” dont l’idéologie – le salut par l’excrétion des fidèles hors du ténia-monde – menacerait l’ordre social et politique.
Contre toute attente, son coup de poker est pris au sérieux. Sur sa lancée, il ambitionne de monnayer ce qu’il sait de ce complot. Et devient ainsi consultant au service d’un tyran borné et lâche. Quand soudain, dans une contamination très borgésienne de la réalité par la fiction, la secte et son complot commencent à montrer des signes d’existence…
Attiré par le titre d’abord, promesse d’un univers décalé, Punk Samouraï s’appuie aussi sur une couverture qui fonctionne bien. Je ne lis pas le résumé. Après avoir tourné autour quelques temps, je me lance dans ce roman de Ko Machida, un auteur japonais que je ne connaissais pas. Il semble que ce soit un artiste éclectique, un musicien. Il n’a pas beaucoup de romans à son actif.
Il ne va pas être facile de parler de Punk Samouraï tant il est étrange et semble nous raconter une histoire par métaphore. Ce qui est raconté est tellement abscons dans le fond qu’il y a forcement du sens caché qu’il faut décoder (ou pas).
Il y a un samouraï errant qui raconte une fable grotesque pour se faire offrir l’hospitalité ou retirer quelques subsides. Par la suite, sa fable prend forme… Je n’en dirais pas plus sinon que ça tourne autour d’agitateurs de l’épigastre. C’est du grand n’importe quoi !
Tout d’abord, c’est le style de Ko Machida qui fonctionne très bien. Les dialogues sont savoureux et drôles à souhait. Ça tient aussi à des situations ubuesques que l’auteur parvient à rendre probable. J’ai eu du mal à situer l’époque de Punk Samouraï car l’histoire se situe clairement dans un Japon médiéval mais le narrateur se permet des références modernes. C’est un peu perturbant au début.
J’ai plutôt bien adhérer à l’univers de Ko Machida mais je confesse une partie un peu plus ennuyeuse, la faute à de grosses exagérations qui m’ont fait un peu sortir du roman pour y chercher un peu de sens, une cohérence où un intérêt supplémentaire que je ne trouve pas.
Avec tout ça, Punk Samouraï est un roman qui se tient bien avec une fin qui me fait penser que j’ai pas tout compris au tenants et aboutissants de Punk Samouraï ainsi qu’une chute bien pensée.
Dans ces cas là, c’est à chacun de se faire son avis sur un roman unique dans son genre.
Bonjour,
Vous avez pensé à relire la grande bataille finale contre l’armée des singes comme une référence/parodie de la bataille cosmique du Mahabarata ?
Bonsoir Patokichi,
J’aurais pu relire, effectivement, si j’avais l’ébauche de la référence.
Wikipedia est votre ami.
Mahabharata, avec un h, désolé pour la faute.
Merci pour la correction. Je vais aller voir quel est cet épopée hindoue !
Le Mahabharata est juste l’exemple typique d’une bataille cosmique qui marque la fin d’un monde. Le Ragnarök en est une autre, la fin de l’Odyssée en est une autre. Par cette parodie de bataille mythologique (d’ailleurs, l’armée des singes est plutôt une référence au Ramayana, autre épopée indienne, complémentaire du Mahabharata), et pour aller très très vite, ce que veut dire Machida Kô, c’est que notre monde est en ruine (No Future…). Et bien plus qu’à un simple niveau social ou économique. Un nouveau monde est-il en train de naître des ruines du précédent ? Il n’a pas l’air très optimiste sur la question, mais cela peut simplement vouloir dire qu’il ne pense pas être là pour le voir.
Vous semblez bien connaître cet auteur, ce personnage. Il a pourtant été peu traduit en France il me semble. Vous le lisez en VO ?
oui. Loin d’avoir tout lu de lui, mais suffisamment pour le considérer comme l’un des deux ou trois plus grands écrivains japonais vivants. Et cela me rend triste qu’aucun critique francophone n’ait saisi qu’il y avait quelque chose derrière le comique et le « grand n’importe quoi ». Je ne parle pas seulement pour vous, ne le prenez pas mal, surtout ! J’espère que des lecteurs qui n’écrivent pas sur internet l’ont deviné.
Je viens de relire ma chronique et je me défends d’avoir tout compris au roman. Je souligne même qu’il doit y avoir quelque chose derrière les situations racontées, des métaphores que je n’ai pas comprises. J’assume mes méconnaissances et ma culture à trous (nombreux). Et je suis bien content au contraire de lire vos commentaires qui m’éclairent sur le sens de ce roman.
Oui, c’est ce qui m’avait décidé à poster mon premier commentaire. Que vous ne passiez pas loin, quand même ! Quant aux trous, on en a tous, c’est pour ça qu’on parle de grille de lecture, je suppose… Merci d’avoir supporté mes interventions. Bonne continuation.
Pas de problème Patrick et merci d’être intervenu. Si jamais vous avez des auteurs de litté japonaise (ou asiatique) à me conseiller, je suis preneur.