La Séparation de Christopher Priest

La Séparation (2003) de Christopher Priest,  Prix British Science Fiction 2002, Prix Arthur-C.-Clarke 2003, Grand prix de l’Imaginaire 2006 (roman étranger), traduit par Michelle Charrier…

Le résumé de l’éditeur: Que s’est-il réellement passé dans la nuit du 10 au 11 mai 1941, cette nuit où Rudolf Hess s’est envolé d’Allemagne pour négocier la paix avec la Grande-Bretagne? Son avion a-t-il été abattu par la Luftwaffe? Hess a-t-il réussi sa mission sans en informer Adolf Hitler? C’est à toutes ces questions que tente de répondre l’historien Stuart Gratton. Il va notamment s’intéresser au destin exceptionnel de deux frères jumeaux, Joe et Jack Sawyer, qui ont rencontrés Hess en 1936 aux jeux Olympiques de Berlin.

Après avoir laissé murir ma réflexion après la lecture de La Séparation, certaines choses s’affinent, s’éclaircissent. Rien de sûr bien entendu. Classé comme uchronie, ce roman se rapproche quand même beaucoup du roman historique. En commençant par la forme.

Si on est pas prévenu, Christopher Priest montre une habileté hors norme à nous tromper. Sachant l’auteur joueur, je cherchais durant la lecture, les éléments de compréhension de La Séparation. Ma connaissance historique se pose là. Je n’ai pas pu discerner ce qui relève de l’Histoire et ce qui est la fable de Christopher Priest. Et les 2 sont tellement proches dans le ton qu’il est difficile de les distinguer.

La plupart du temps, je me suis plu dans ce contexte historique, documentaire, et je laissais l’histoire de ses jumeaux me porter.

La structure apporte beaucoup au roman. Christopher Priest revient sur les trames de chacune, remplit les vides laissés au passage, ajoute des mystère quant à la chronologie mais je crois que je peux dire que je crois avoir compris, en partie, l’idée que voulait développer l’auteur dans La Séparation. Et c’est très fort car il fallait un écrivain virtuose pour nous faire accrocher à cette histoire, y mettre du rythme, de la nouveauté.

Une partie demeure un mystère pour moi, c’est la présence d’un chroniqueur contemporain qui relate l’histoire des jumeaux dont je n’ai pas cerné la place, le but, l’intérêt, pourtant central, probablement.

Si vous faites partie des lecteurs qui ont compris La Séparation, à vos commentaires, ou message privé pour m’en expliquer les raisons. Je vous en remercie d’avance.




Livrepoche.fr Un livre dans une poche. CQFD
6 comments to “La Séparation de Christopher Priest”
  1. De ce que j’ai pu lire de Priest: peut-être son meilleur roman..? Mais existe t’il seulement un ouvrage de lui qui soit seulement en-dessous de la moyenne ? Je suis curieux de ton ressenti. S’il est favorable: te voilà mordu, hameçonné. Logiquement le prochain auteur dans la même mouvance, à t’attendre, devrait être J.G. Ballard. Même sillage: belle prose et idées dans un no man’s land imprécis entre SF et littérature générale.

    • Je risque d’être moins enthousiaste. Je vais devoir lire quelques avis et analyse pour savoir si j’ai loupé la compréhension de ce roman. En tous cas, je le croyais plus joueur avec le lecteur et la pirouette finale est facile. POur autant, j’ai beaucoup aimé cette « version » de la guerre raconté par un très talentueux documentaliste (vrai ou faux, il nous y fait croire).
      J’ai lu Ballard mais je ne me souviens plus. En Pal, j’ai Le monde englouti et Millenium people.

  2. Très belle chronique qui déconstruit la manière de l’auteur, cette mise à plat induit pourtant d’autres questions qui semblent démontrer qu’on a pas finit de parler de l’auteur.
    Priest possède une qualité qui lui sert, celle de savoir manier la forme au service du fond qu’il veut installer. Quand sa finalité est de gruger, les mots et leur assemblage, s’avèrent outils indispensables. Un moindre écrivain, limité n’aurait pu accomplir cette tromperie. Constat auquel s’ajoute les qualités du traducteur qui doit peser le moindre mot pour que persiste la magie.
    Je suis désolé: je ne me souviens plus du chroniqueur contemporain et ne saurai avancer sur le terrain de son utilité. Il me faudrait relire, ce qui se fera sans déplaisir, ne serait-ce que pour démonter les mécanismes du piège.

    Alors, Nicolas, prêt pour « Le Prestige »..?

    • Merci Alvin,
      Un écrivain moins talentueux n’aurait pas pu écrire un tel roman, on est d’accord. Je suis non seulement prêt pour Le Prestige mais pour tous les autres aussi.

    • Priest il a le don de brouiller les pistes, d’emmener le/la lecteur.ice où il veut.
      Faut s’accrocher.
      C’est l’adaptation de Le prestige qui m’a donné envie de le lire (et quelques avis)

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