La planète des singes de Pierre Boulle

La planète des singes (1963) de Pierre Boulle…

Le résumé de l’éditeur: Y a-t-il des êtres humains ailleurs que dans notre galaxie ? C’est la question que se posent le professeur Antelle, Arthur Levain, son second, et le journaliste Ulysse Mérou, lorsque, de leur vaisseau spatial, ils observent le paysage d’une planète proche de Bételgeuse : on aperçoit des villes, des routes curieusement semblables à celles de notre Terre. Après s’y être posés, les trois hommes découvrent que la planète est habitée par des singes. Ceux-ci s’emparent d’Ulysse Mérou et se livrent sur lui à des expériences. Il faudra que le journaliste fasse, devant les singes, la preuve de son humanité.

Qui n’a jamais entendu parler de La planète des singes? Qui n’a pas cette image de visage simiesque humanisé dans la tête? C’est mon cas et pourtant, je n’ai regardé que d’une oeil paresseux les récentes adaptations cinéma et après bien après que tout ceci était issu d’un roman français de Pierre Boulle. Le trouvant dans une boîte à livres, il me fallait le lire.

C’est chose faite. Pour commencer, je dois dire que je trouve l’idée de départ excellente. La remise en question des prismes de visions du monde anthropocentrés est primordiale. Cela pose des questions philosophiques et sociétales salvatrices. Pierre Boulle s’y emploie, méthodiquement, scientifiquement (plutôt comme un zoologiste amateur) mais on ne peut lui enlever d’être didactique.

Ce que je regrette, c’est que la transposition Homme/Singe dans La planète des singes est trop calquée sur notre monde pour être crédible. Je ne peux pas penser que les développements de sociétés humaines ou simiesques soit si proches après x années. Je n’arrêtais pas de me dire que telle chose ou telle autre n’était pas logique.

Je comprends la nécessité d’être clair pour la prise de conscience du lecteur mais cela a marqué ce roman de l’empreinte de son temps, un peu dépassé à mon avis. Peut-être que l’intention de Pierre Boulle n’était pas tant de donner une leçon que de divertir son public, sans plus.

En fait, j’ai projeté plus d’intentions, plus de richesse à La planète des singes tant il semble que l’idée de base porte malgré elle beaucoup de potentialité philosophique, écologique et romanesque. Du coup, cela a révélé les faiblesses du roman et m’a un peu déçu au final. Ce n’est pourtant pas un mauvais roman.




Livrepoche.fr Un livre dans une poche. CQFD
15 comments to “La planète des singes de Pierre Boulle”
  1. Lecture qui remonte maintenant à quelques décennies. Mon ressenti d’alors est vague et, me semble t’il, se calque sur le film avec Charlton Heston (vu avant ou après le roman ? Je ne sais plus). J’ai, sans nul doute, été emporté par l’idée de départ, ne retenant qu’elle au détriment du style de l’auteur, de ses intentions précises. Il me faudrait relire et oublié que la faux du temps est sans doute passé par là.

    • C’est souvent le cas lorsqu’un auteur de SF s’engage sur la pente (savonneuse) du scientifique. Lorsqu’il s’agit de mécanique et de technique, ça passe, mais lorsqu’il s’agit de biologie, il est plus dur de s’affranchir des savoirs d’une époque.

  2. Bonjour!
    je débarque de Babelio et je profite de l’invitation ci-dessus  » n’ayez pas peur de commenter » ^^

    Pierre Boulle a probablement délibérément choisi de mettre pratiquement au même niveau d’avancement la société humaine terrestre et la simienne sororienne, pour fournir un récit plus philosophique que réaliste; je veux dire que c’est sans doute à lire plus comme le Micromegas de Voltaire, ou mieux, le Gulliver de Swift mais avec évidemment une forme de langage et de littérature plus moderne, plutôt que comme un récit de science-fiction/anticipation réaliste…
    La pirouette finale des singes spationautes riant de l’idée même d’humains intelligents et raisonnables, relève de l’humour inhérent à ce type de récit philosophique, qui sans cet humour justement ne serait que lourdement moraliste…
    Donc, en effet, ce n’est pas logique car il est impossible qu’exactement les mêmes catastrophes naturelles et les même hasards aient eu lieu de la même manière que sur Terre et provoqué la même évolution de société, mais selon moi ce roman est surtout basé sur un jeu intellectuel d’inversion des rôles, très enrobé de science-fiction pour mieux faire passer les choses et divertir, mais l’intention de la leçon prime.
    Du coup, je le trouve encore intemporel, car relevant d’une tradition remontant au 18ème siècle, et rien ne le date précisément à l’intérieur du 20ème siècle; de plus je ne vois rien qui l’empêcherait d’être écrit de nos jours, la deuxième dizaine du 21ème siècle : Ulysse Mérou ne fait pas allusion à une technologie ou à des systèmes terriens clairement obsolètes, les essais cliniques sur des singes sont toujours pratiqués, nous avons certes accès à des moyens d’écriture numériques mais le papier existe toujours et l’esprit humain garde suffisamment sa poésie pour que des bouteilles conservant des écrits soient encore lancées et retrouvées de nos jours…

    Après, je comprends tout à fait la déception qui peut accompagner la lecture d’un roman considéré comme un grand classique, et qui ne procure pas le grand moment qu’on en attend, parce que trop court, pas assez fourni, pas assez logique ou crédible, par rapport à l’aura formée autour de lui!

    une dernière question: que voulez-vous dire par « je n’ai regardé que d’une cel paresseux les récentes adaptations cinéma »? Qu’est-ce qu' »une cel paresseux »? c’est un oeil paresseux « corrigé » par l’autocomplétion du téléphone?

    • Bienvenue Terryjil et merci d’avoir pris le temps d’exprimer ton avis. Pour répondre à la dernière question, oui, c’est le correcteur de mon ordi qui a changé le mot mais c’est surtout de ma faute de ne pas relire plus sérieusement ce que je poste. C’est corrigé.
      À la limite, je peux accepter le même degré d’évolution des Hommes et des Singes mais ce qui m’a le plus gêné c’est le côté didactique pour faire comprendre aux lecteurs de relativiser la prédominance humaine car elle relève de hasard qui aurait aussi pu nous amener à ce que décrit Pierre Boulle. Il prend trop de temps, à mon avis, à essayer de nous mettre à la place des animaux et de ce qu’on leur fait sur Terre. Suis-je déjà beaucoup trop dans l’empathie du vivant pour trouver ça obsolète? Peut-être.
      Je n’ai pas encore lu ni Swift, ni le Voltaire mais j’avais pas songé à le prendre comme un « récit plus philosophique » que SF/Anticipation.
      Encore merci pour ton avis, en espérant te revoir une prochaine fois.

  3. « Grâce à des moyens somptueux, la fable philosophique de Pierre Boulle est devenue le plus parfait, sinon le plus beau des films de science-fiction. Avec infiniment d’humour noir, ce qui ne gâte rien.» Michel Mardore en 1968, critique, lors de la sortie du film de Franklin J. Schaffner.
    Ce qui remet dans le contexte d’une époque qui n’avait pas encore donné son meilleur jus cinématographique SF.

    • Ce premier film a l’air très bon, je n’entends que du bien à son sujet. Va falloir que je m’y penche dessus.

  4. lorsque j’ai vu le film, je ne savais même pas que c »était un livre à la base. Personnellement, je me contenterais d’avoir vu le film. Je ne sais pas pourquoi mais lire le livre me fait un peu peur. Ayant bien aimer le premier film de 1968, mais moins les autres qui ont été tourné par la suite, bien qu’il y avait un potentiel, je pense que je serais déçue et ton avis ne fait que renforcé ma pensée

    • Désolé pour cette réponse tardive,
      Moi aussi, j’ai appris tardivement que l’origine était un roman, français de surcroit. Va vraiment falloir que je trouve le film de 68.
      Je reste sur la réserve concernant le roman.

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