LA DOUCE DE DOSTOÏEVSKI

La douce de Dostoïevski par Livrepoche.fr

La douce de Dostoïevski…

La douce est l’exemple parfait de ce que je pense de Dostoïevski, sur sa façon d’écrire. C’est un exercice de style magistral sur le langage, sur le fil de la pensée. Parfaitement mené du début à la fin, la fluidité du texte est juste inégalée et d’une modernité (intemporalité) incontestable. La voix intérieure des personnages de Dostoïevski résonne dans la tête du lecteur avec une puissante vivacité, une obsédante clarté. Cette voix est si vivante, si pleine de justesse lorsqu’on la lit avec l’urgence, la spontanéité de la pensée.

Le résumé de l’éditeur de poche, ici : « Figurez-vous un mari dont la femme, une suicidée qui s’est jetée par la fenêtre il y a quelques heures, gît devant lui sur une table. Il est bouleversé et n’a pas encore eu le temps de rassembler ses pensées. Il marche de pièce en pièce et tente de donner un sens à ce qui vient de se produire. »
Dostoïevski lui-même définit ainsi ce conte dont la violence imprécatoire est emblématique de son œuvre. Les interrogations et les tergiversations du mari, ancien officier congédié de l’armée, usurier hypocondriaque, retrouvent ici — grâce à la nouvelle traduction d’André Markowicz — une force peu commune.
Le texte de La Douce est suivi de versions préparatoires et de variantes — véritables invites à pénétrer dans la « fabrique de littérature » dostoïevskienne.

Mais pour arriver à un tel plaisir à la lecture de Dostoïevski, il m’a fallu une révélation !

L’idée que je me faisais des classiques (assez naïvement) tant français qu’étranger était qu’il y avait une sorte de formalisme dans toutes les oeuvres et que ce sens, elles se ressemblaient par la forme et différaient par le sujet. Pour les classiques, je pensais à une certaine dose de description, la bonne proportion de dialogue et d’action, etc… Et suivant le sujet, le résultat pouvait être pompeux ou non !

Mon entrée dans la lecture des classiques russes fut Anna Karénine de Tolstoï si je me souviens bien ! Le classique russe s’il en est dont je ne garde pas un grand souvenir sinon d’avoir lu une oeuvre assez pompeuse, lourde. Rien de plus !

Et cette apriori, ce sentiment s’est maintenu lorsque j’ai lu mon premier Dostoïevski, Crimes et châtiment. Incontestablement, mes idées reçues sur les classiques m’ont fait passé à côté du style unique de Dostoïevski à cette première lecture. C’est en lisant une de ses oeuvres plus courte (comme La douce) que je me suis rendu compte de l’incroyable fluidité du texte et son extrême proximité avec un rythme naturel de la pensée.

À la lumière de ça, je suis devenu un fan absolu de cet auteur et il m’a réconcilié avec la littérature russe du XIXème siècle.

En lisant Dostoïevski, j’ai pu comprendre la blague d’Alain Chabat dans « La cité de la peur » lorsqu’il rencontre Odile Deray « Aucun lien, fils unique ! ». Et depuis, c’est une de mes répliques favorites !

Livrepoche.fr, un livre, une poche…

4 comments to “LA DOUCE DE DOSTOÏEVSKI”
  1. Je viens de lire Les carnets du sous-sol de Dostoïesvki que j’ai adoré et qui a en grande partie amené au genre littéraire underground. Après l’adoration que j’ai eu pour le style d’écriture de l’auteur, je me suis acheté Crime et châtiment que j’espère lire rapidement. Et tu m’as donné très envie avec cette chronique de La douce que je ne connaissais pas du tout.

    • Il se passe une chose assez rare lorsque je lis du Dostoïevski ; ma respiration est plus courte, son style est si vivant que je suis entraîné dans le texte. Chez d’autres auteurs la lecture est une ballade, chez lui (pour ce qui me concerne) c’est un footing euphorisant ! J’ai lu Les carnets du sous-sol et je ne m’en souviens pas ! Crime et châtiment c’est le livre culte (lu 2 fois) et envi de le relire pour en faire la chronique !
      Bonne lecture…

  2. Pingback: Un coeur faible de Dostoïevski / Livrepoche.fr

  3. Pingback: MONSIEUR PROKHARTCHINE DE DOSTOÏEVSKI - livrepoche

N'ayez pas peur de commenter