Fire Rush (2023) de Jacqueline Crooks, traduit par Nathalie Carre et Karine Guerre…
Le résumé de l’éditeur: 1979, banlieue industrielle de Londres. La jeune Yamaye vit seule avec son père dans une cité-dortoir et travaille de nuit à l’usine. Le week-end, direction la Crypte, le club underground où elle oublie son quotidien morose. Musique dub et reggae dancehall galvanisent les corps. Là, au cœur du temple de la diaspora jamaïcaine et dans les effluves de ganja, on y parle politique et abus policiers.
Un soir, elle danse avec Moose et s’engage dans une histoire d’amour qui lui fait caresser l’espoir de pouvoir s’émanciper de sa condition. Mais un drame scelle le destin de la jeune femme, qui se lance alors dans une quête d’elle-même et de ses origines.
De gang en rave, d’amour en débâcles, de Bristol à la Jamaïque, Fire Rush est un premier roman électrisant à la langue chamarrée et combative.
Voila un roman dont la lumineuse couverture présageait une lecture colorée. Jacqueline Crooks nous livre une premier roman qu’il lui a fallu 16 ans à écrire. Fire Rush, c’est la Jamaïque en Angleterre dans les années 1980. Et si vous lisez ce livre, attendez-vous à avoir du dub et du reggae dans les oreilles durant cette lecture.
Fire Rush transpire la musique, le son, le rythme qui en est le battement de coeur. Roman de communauté d’exilés en à Londres, le malaise des racines qui travaillent la jeunesse, l’héroïne se cherche, cherche sa Jamaïque (comme sa mère) dans un micro univers ou chaque personne a fait son deuil, son acceptation de cette fatalité à être si loin de chez soi.
Entre l’histoire d’amour tronquée, la violence sociale et l’injustice, le silence familial, on suit l’évolution d’une jeune femme vers l’accomplissement d’elle-même avec toutes les embuches et les renoncements qu’on imagine.
Jacqueline Crooks, dans une langue inspirée et musicale éclaire l’ombre du racisme, de l’intolérance et des abus en tous genre. Je ne suis pas spécialement féru de musique dub mais j’ai remplacé la B.O. de ma vie pendant cette lecture de Fire Rush et bien m’en a fait.
Fire Rush manque peut-être de cohésion quand il part dans toutes les directions sans vraiment allé en plein dans ses thématiques mais il n’est pas certain que ce roman aurait été plus cohérent si Jacqueline Crooks n’avait parlé que de la violence policière à l’égard de la communauté noire ou seulement de la quête d’identité d’une jeune femme et ses questionnements sur son origine et sur les raisons de l’exil de la génération qui la précède ou que la vie d’une jeunesse bouillante de sève qui se cherche dans l’amitié, l’amour et la société. Qui sait ?
De mon côté, j’ai aimé ce roman comme j’aime ces romans de littérature étrangère qui focalisent sur des gens, des communautés qu’on croit connaitre mais dont on ignore tout ou presque.Les valeurs ne sont pas les même que les miennes. Les ambitions, les problèmes, les envies et les repères varient. Cela me donne l’impression de mieux connaitre le monde dans sa pluralité.