CHANSON DOUCE DE LEÏLA SLIMANI

Chanson douce (2016) de Leïla Slimani…

Le résumé de l’éditeur, ici: Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d’un cabinet d’avocats, le couple se met à la recherche d’une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l’affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu’au drame. 
À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c’est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l’amour et de l’éducation, des rapports de domination et d’argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.

Comme souvent, les romans encensés lors de leurs sorties, valorisés par un ou plusieurs Prix, font une unanimité de façade. Chanson douce de Leïla Slimani, Prix Goncourt 2016, fait partie de ses romans dont le temps ajoutera de la déception aux nouveaux lecteurs moins intimidés par le dithyrambe médiatique qui aura cessé.

C’est donc mon cas. Je découvre Leïla Slimani avec cet état d’esprit, un peu attentif aux ingrédients qui attribuent le succès ou non, et je dois le dire, un regard plus critique.

Pour parler de Chanson douce, je vais devoir séparer l’histoire en elle-même avec le style et le talent avec laquelle elle est écrite.

Mis à part le choix incohérent et surprenant de mettre la fin de l’histoire dans le premier paragraphe, Chanson douce est un roman bien développé dans lequel Leïla Slimani dépeint avec réussite des personnages du quotidien. L’apport d’informations, non linéaire, est parfaitement dosé. On ne se perd jamais dans l’histoire. Le style, sans être neutre, est intéressant.

Cependant, et c’est le coeur du roman, le personnage central du roman, Louise, au début assez crédible, l’est devenue de moins en moins jusqu’à devenir un pastiche irréaliste. Un comble pour un roman ancré dans une forme de réalisme social. À côté de ça, le couple « victime » est inintéressant, par trop de banalités, si bien que je me suis ennuyé une bonne partie du roman.

Pendant un temps, j’ai même pensé à une double chute que Leïla Slimani me préparait et qui viendrait me surprendre en fin de lecture mais la surprise a été de constater que tout était dit.


11 comments to “CHANSON DOUCE DE LEÏLA SLIMANI”
    • Au risque de te décevoir, ce n’est pas le cas. Chanson douce est un roman avec les 2 pieds ancrés dans le genre contemporain avec son corollaire d’ennui et de platitude, de réel en somme.
      La figurine, souvenir voodoo ramené de Nouvelle Orléans, est bien plus intéressant que ce roman. Comme je te l’avais dit, si l’inspiration n’est pas là, je vais pas me casser la tête pour une photo. Je suis un fainéant.

  1. Pas totalement convaincue non plus par ce roman… Pour à peu près les mêmes raisons que toi : je n’ai pas « compris » le personnage de Louise dont la psychologie reste sommaire et pour laquelle je n’ai ressenti aucune empathie, et j’ai trouvé le couple bobo-parigot un peu caricatural.

  2. Ben tu vois, j’ai longtemps hésité à le lire, ce roman.. mais là c’est clair, ce sera non! Et c’est vrai qu’il ne faut pas se fier aux prix littéraires..
    J’ai moi-même été déçue par  » Réparer les vivants » de Maylis de Kerangal, pourtant couvert par 10 prix je crois…

    • Continuons notre petite lutte en donnant nos avis sur tous les livres, indépendamment des Prix qu’ils ont pu avoir et mettant en avant les petites oeuvres moins visibles.
      J’ai de plus en plus de mal à lire les sorties récentes (en poche en plus). Je me sens totalement étranger à la rentrer littéraire.

  3. Ouch!
    Bon je suis dans le clan des personnes qui ont apprécié ce roman. Et ce n’est pas le fait qu’il est reçu un prix ou que certains l’est encensé qui m’a décidé à le lire mais le thème.

    Il m’a plu par ce qu’il dit, pour le personnage de Louise qui selon moi est tout à fait crédible, très intéressante même d’un point de vue psychologique, pour les parents qui le sont tout autant, pour le jeu des actes qui portent à conséquence, pour l’humanité/inhumanité.

    Ce n’est pas le 1er roman qui pose d’emblée les choses dans les 1ères lignes. Ce qui suit est donc forcément l’histoire de ce qui a conduit à ça. On attend alors quelque chose de différent d’un livre quand il commence ainsi. Au début, arrivée à la fin je m’étais sentie frustrée et puis, je me suis dit que j’étais bête, parce que tout est là déjà entre les lignes.

    C’est un livre qui divise beaucoup, qui semble avoir rendu pas mal de parents mal à l’aise notamment. J’ai aussi beaucoup aimé ce que l’autrice en a dit dans ses interviews.

    Bref, les perceptions de chacun hein 🙂

    • J’ai conscience que les raisons qui me font ne pas l’aimer sont ténues. Ça tient à pas grand chose. Je n’ai pas spécialement eu de malaise quand à la mort des enfants. Stylistiquement, j’ai plutôt aimé lire les lignes de Slimani mais le contenu, non. Qu’elle mettre la fin au début n’est pas spécialement gênant non plus mais il faut garder un peu d’intérêt pour la fin. Non?
      Que dit-elle d’intéressant dans ses interviews?
      De toute façon, comme tu dis, chacun le perçoit avec sa propre sensibilité.

N'ayez pas peur de commenter