Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline

Voyage au bout de la nuit (1932) de Louis-Ferdinand Céline…

Le résumé de l’éditeur : «– Bardamu, qu’il me fait alors gravement et un peu triste, nos pères nous valaient bien, n’en dis pas de mal!…
– T’as raison, Arthur, pour ça t’as raison! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien! Tu peux le dire! Nous ne changeons pas! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni d’opinions, ou bien si tard, que ça n’en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres! Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère. C’est lui qui nous possède! Quand on est pas sage, il serre… On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger… Pour des riens, il vous étrangle… C’est pas une vie…
– Il y a l’amour, Bardamu!
– Arthur, l’amour c’est l’infini mis à la portée des caniches et j’ai ma dignité moi! que je lui réponds.»

Voila un de ses classiques que j’ai mis longtemps à sortir de ma Pile à Lire. Une sorte de pression sur l’auteur, la grandeur de l’oeuvre, la controverse, le style. Voyage au bout de la nuit est le roman culte de Louis-Ferdinand Céline. Et je comprends pourquoi. Ce qui m’a fait me décider, c’est la sortie récente de Guerre, un premier manuscrit inédit qui sort cet année. D’autres sont à venir. 

Pour en revenir à Voyage au bout de la nuit , ce roman est un roman de société au sens où Louis-Ferdinand Céline dépeint ses contemporains et surtout, leurs travers, leurs vices, leurs mensonges. C’est ainsi que j’ai perçu la lucidité qui émane des situations mises en scène.

Ce que j’ai lu dans Voyage au bout de la nuit, c’est le raz le bol des faux-semblants et avec son personnage principal, son narrateur, l’auteur exprime une sorte de franchise sur lui d’abord et sur les autres. Bardamu, le narrateur, est veule et obsédé. Tant de qualité que les gens préfèrent cacher. Mais sans fierté, il assume un minimum.

Voyage au bout de la nuit est un vrai voyage. L’antihéros traverse la guerre, les océans, les hommes et à travers les rencontres d’une vie, Louis-Ferdinand Céline démontre finement que sous les beaux discours, les belles postures, les costumes soignés et l’éducation, les autres sont comme lui. Cupides et méchants, manipulateurs et concupiscents. Les gens mentent aux autres et à eux-même.

C’est peut-être ça qui dérange chez Louis-Ferdinand Céline. Entendre ses 4 vérités n’est jamais très agréable et ne nous voilons pas la face, presque 100 ans après, les hommes n’ont pas changé.

Je m’attendais à un style plus « parlé », limite argotique, mais ce n’est pas le cas, Louis-Ferdinand Céline, c’est une voix simple, sans chichis, franche et qui dit les choses avec les tripes plutôt qu’avec la tête. Et on assiste à un périple, à une vie, sans fioritures, avec les vicissitudes d’un homme, pas celui d’un héros.

Perso, j’ai beaucoup aimé. Le prochain, ce sera son dernier sorti, Guerre et il paraît que c’est très bien aussi. L’avez-vous lu ?




Livrepoche.fr Un livre dans une poche. CQFD
10 comments to “Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline”
    • Je l’ai pas trouvé si pénible que ça. C’est vrai que c’est un roman assez pessimiste sur la nature humaine et il faut être dans une bonne condition pour s’attaquer à ce monument.

  1. Pas lu, du moins pas encore. Cà ne saurait tarder. Il me suffirait de ceci (çà viendra):

    https://www.bedetheque.com/media/Couvertures/Couv_30255.jpg

    D’un côté il y a Celine (l’homme, que je vais peu apprécier, je le sens, au lu de ce que trouvé de ci de là), et de l’autre Tardi (que j’adore pour ce qu’il est et montre, et qui fut aux manettes de cette édition illustrée grand luxe). Les deux se rencontrant, s’accordant (post mortem de l’écrivain) allons bon, faut qu’on m’explique ? Ils me semblent aux antipodes l’un de l’autre. Certainement que 14-18, sur les deux en emprise et haine communes, les rapproche.
    Tardi, qqpart a du expliquer les raisons pour lesquelles il s’est mis au service de l’ouvrage.

    • Vu la densité du roman, je me demande toujours comment font les adaptations pour ne pas dénaturer les romans. En tous cas, si ça peut te lancer dans Voyages, c’est une bonne chose.

    • Attention: ce n’est pas une adaptation BD (ou autre) mais le texte lui-même dans son intégralité, le tout agrémenté d’une centaine d’illustrations (d’après ce que je sais: pleines pages) comme les images Hetzel dans les Jules Verne d’antan.

  2. Je l’ai lu fin lycée ou début fac, autant dire il y a une éternité. Il ne m’en reste que le souvenir d’une histoire qui m’avait embarquée. Peut-être devrais-je le relire pour me rappeler le contenu que tu évoques dans ton avis.

    • Un classique mais je pense que tu devrais lire d’autres chroniques qui sont plus explicites quand à l’histoire, cela te raviverait la mémoire sans avoir besoin de le relire.

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