Blast de Manu Larcenet

Blast (2009-2014) de Manu Larcenet (scénario et dessins)…


01. Grasse carcasse (2009), Prix des libraires de bandes dessinées 2010

Le résumé de l’éditeur: Un homme seul, obèse et sale, est amené au commissariat. Ce qu’il a fait, pourquoi il est là, nous n’en saurons encore rien. Au cours de l’interrogatoire, confession impudique, il va livrer sa vie et expliquer au lecteur passionné comment il a, un jour, lâché prise, et est parti sur les routes à la recherche du Blast – cet instant magique où tout s’illumine et sa vie devient parfaite. Après Le Combat Ordinaire, le nouveau chef-d’oeuvre de Manu Larcenet est un pavé de 200 pages en noir et blanc d’une époustouflante beauté formelle.

Enfin, je me lance dans cette montagne de BD, le fameux Blast de Manu Larcenet. Et ça commence par ce premier tome, Grasse Carcasse. Une petite surprise car si je ne savais pas quel était l’histoire, on m’a franchement laissé comprendre que l’ambiance est très noire, voire même dépressive. La petite surprise c’est que ce 1er tome, je l’ai pas senti comme ça. Je m’attendais à une ambiance urbaine et c’est plutôt le contraire. L’appel de la nature comme rejet de la société des hommes.

L’histoire garde encore tous ses mystères et je fais presque une confiance aveugle dans la matrice de Manu Larcenet à guider une histoire. On apprend à connaître le personnage central de Blast, un personnage intriguant, anticonformiste, dérangeant mais j’ai l’intuition qu’il ne faut pas se fier à ce premier sentiment.

Pour les dessins, il y a 2 styles qui cohabitent. Tantôt, cela ressemble à de l’aquarelle en dégradé de gris, réussi, puissant mais il y a aussi des dessins au traits, simples, principalement les personnages et là, je suis moins fan. J’ai l’impression que ces derniers collent moins à l’atmosphère de Blast.

Bientôt la suite.


02. L’Apocalypse selon Saint Jacky (2011)

Le résumé de l’éditeur: « Je mens… Je suis en feu, je suis gris, lourd, crasseux, mais je suis en feu. » Un homme seul dort dans les bois. Masse inouïe de plus de 150 kilos, il est parti un beau matin, laissant sa vie d’avant, à la recherche du blast, ce court instant de perfection, flash improbable, qui survient parfois, lorsque, oubliant sa graisse, il parvient à voler. Après un premier tome prix des libraires 2010, Manu Larcenet signe un immense roman graphique, noir et âpre, d’un humanisme bouleversant.

Ce tome 2, L’Apocalypse selon Saint Jacky poursuit sur le même rythme que le 1er. L’interrogatoire qui pousse le narrateur à nous raconter la suite de ses aventures. On est toujours dans le même flou quand aux raisons de cet interrogatoire et j’ai envi de penser que Manu Larcenet cache son jeu quand à la personnalité antipathique du narrateur.

Celui-ci est toujours en quête du Blast et on comprend que c’est une forme d’état de grâce, une révélation métaphysique. Et ça passe par la consommation de substances de plus en plus puissantes. Cela amène Polza Mancini à rencontrer des personnages étranges, des marginaux potentiellement très violent. C’est le cas de Saint Jacky qui réserve son lot de surprises.

J’ai aimé ce tome-ci et mieux apprécié le mix de dessins aux traits mêlés à un noir et blanc stylé et, sur quelques planches (comme celles mises dans l’article) extrêmement puissantes dans leur symboliques. Je n’en comprends pas bien le sens mais je pense bien qu’il y en a un.

Vivement la suite.


03. La Tête la première (2012)

Le résumé de l’éditeur: 3e tome de Blast, le récit d’une terrifiante descente aux enfers, profondément humaine et touchante, par Manu Larcenet. Dans ce 3e épisode de Blast, Polza Mancini, toujours en garde à vue après la mort d’une jeune femme, déroule ses souvenirs d’errance, sa quête éperdue du « blast » – ces moments magiques qui le transportent ailleurs –, mais aussi ses séjours en hôpital psychiatrique, ses terreurs et ses cauchemars…

Je n’ai plus les premiers tomes sous les yeux mais ce que j’ai ressenti sur les dessins mixés aux traits et les autres, que j’avais pas spécialement aimé ceux, simplistes, grossiers, au trait, et bien, je reviens un peu sur mon ressenti. Je ne sais pas si dans ce tome 3, La tête la première, il y a eu une évolution de Manu Larcenet, en tous cas, ils ne me gêne plus.

L’histoire de Blast se durcit. Le héros n’a jamais été très sympathique mais comme je m’en doutais, il n’était pas forcement responsable des actes dont on l’accuse. Là, s’ajoute une autre dimension, celle de victime. Déjà bien sombre, Blast s’assombrit d’un degré supplémentaire. Mais j’aime ça. 

À partir de là, je me dis que tout peut arriver dans ce 4e et dernier tome de cette oeuvre que je trouve déjà forte et atypique.


04. Pourvu que les bouddhistes se trompent (2014)

Le résumé de l’éditeur: Dernier tome du chef-d’oeuvre de Manu Larcenet, réussite artistique exemplaire, Blast ne peut laisser indifférent. De par sa forme d’abord, 4 albums denses, sombres, tragiques, bourrés jusqu’à la gueule d’une humanité débordante et d‘une sauvagerie fascinante. Mais aussi par ses qualités graphiques et narratives hors du commun qui en font un ovni éditorial. Ce 4ème tome clôt avec une maestria scénaristique rare, le parcours d’un homme captivant. Une conclusion coup de poing qui vous laissera KO.

Voila, j’ai terminé la série Blast avec ce 4e tome, Pourvu que les bouddhiste se trompent et je me suis pris une grosse claque. Manu Larcenet a très bien mené sa barque. Il est parvenu à aiguiller mes émotions exactement là où il le souhaitait. Je ne pensais pas pouvoir me faire cueillir comme ça.

Déjà bien noire, Manu Larcenet nous montre le noir profond. Quand un auteur a si bien maitrisé son scénario qu’on ne peut qu’admirer le talent. D’autant que ça se double d’un dessin fort, puissant et très inspiré. Si on ajoute une originalité assez rare, une liberté créatrice, on peut dire, je le dis, c’est un chef-d’oeuvre.

Alors bien sûr, Blast n’est pas à mettre entre toutes les mains car ce pessimisme latent n’est pas fait pour égayer les lecteurs. Pour les autres, il ne faut pas hésiter.




Livrepoche.fr Un livre dans une poche. CQFD

2 comments to “Blast de Manu Larcenet”
  1. Immense série. Il y avait quelque chose de dérangeant dans le dessin, qui, je me souviens, m’avait mis mal à l’aise. Et puis, emportée par l’histoire, le personnage, le scénario, ce sentiment s’était transformé.
    C’est clairement plonger dans une noirceur sans fond que d’attaquer ce monument, mais j’en étais ressortie bouleversée.

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